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Anonymous
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Mer 9 Juin - 21:34
  
Pendant qu’elle jouait avec son argile, les jours s’étaient écoulés et le départ d’Isao avait fini par se présenter. Son premier jour d’absence n’avait pas été trop dur à supporter, ni les suivants, mais lorsque aujourd’hui s’était mis à la place d’hier, Kasumi s’était d’autant plus inquiétée.
On était bien loin du jour durant lequel son amour de grand frère devait revenir, de la gracieuse journée où il passerait la porte avec ce sourire dans la voix qu’elle aimait tant. Il manquait bien des levers de soleil avant qu’il ne revienne ronchonner et faire courir droit ses gens, mais son silence avait paru soudainement à la jeune femme plus terrible que ses précédents.

Qu’elle restait ici et lui ailleurs n’était pas véritablement le souci, même si cela y contribuait. Non, c’était qu’il était en route vers la frontière avec les Camélias, surtout, qui la peinait. À moins qu’il ne fût déjà arrivé ?
La guerre ou les échauffourées n’étaient pas des affaires qui généralement la concernaient. Elle ne percevait pas l’utilité de taper sur les autres quand une pleine poignée d’argile en pleine face pouvait tout autant exprimer quelques colères sans pour autant tacher irrémédiablement de cicatrices autrui. Cela ne voulait pas pour autant dire qu’elle vivait dans un cocon sans armes, qu’elle n’avait jamais touché une lame par curiosité ou pour complaire, vu des entraînements plus ou moins macabres, ou ouï d’horribles méfaits.

Les dangers - emplis de trous - des armes dont elle avait ainsi pris connaissance, tenues par des mains inconnues, venaient donc l’effleurer par vagues. Oh, bien entendu qu’il y avait des risques semblables même quand son aîné partait ailleurs, elle n’en doutait pas ! Mais à choisir, entre faire connaissance avec des potentiels brigands que ses fabuleux yojimbos pourraient aisément maîtriser et les contours d’un lieu où plein de gens se frappaient sans discontinuité, elle préférait les premiers. Au moins, c’était plus vite passé et elle pouvait mieux se représenter la scène.
Les combats multiples n’étaient pas souvent fort bien décrits dans ses contes adorés pour qu’elle puisse s’en faire des rêvasseries crédibles. Soit il y avait trop de métaphores alentissant le tout, soit il n’y en avait pas assez. À son regard inexpérimenté, le tout donnait donc, en le mélangeant, une tapisserie incompréhensible vibrante de couleurs, où les mons et les bannières, le sang et le fer s’entremêlaient en une splendeur de cauchemar mal défini. Autant dire pas grand chose d’exploitable pour tenter de se rassurer d’une manière ou d’une autre, une fois encore. Les pressentiments jouaient donc à cache-cache dans les replis de son esprit, et aucun d'eux ne lui plaisait.

« Combien de jours de route, jusqu'à la frontière ? »

Demanda-t-elle doucement tout en gratouillant d’un ongle absent son plan de travail aussi peu rempli.
Personne ne répondit. Hiroko n’était plus là, l’insouciante l’avait oublié. Sa fidèle suivante avait été envoyée ailleurs, elle aussi. La sculptrice soupira tout bas, pencha la tête, cherchant à observer un fait abscons qu’elle ne voyait pas.

« Point et plus que je ne peux compter, n’est-ce pas ? »

Se répondit-elle alors et se morigena-t-elle tout bas, à la place de sa servante. Rejoindre son jokai de frère n’étant pas une option valable pour essayer de calmer ses angoisses, l’idée ne l’effleura pas. Seul vint rapidement le regret de ne pas avoir plus de nouvelles rassurantes de la Voix trop aimée.

La fille Sangaigusa tapota le bois sous sa paume, se releva presque d’un bond en un froissement de tissus appuyé. Si Isao ou mère la trouvaient ainsi, nul doute qu’ils la gronderaient. Elle imagina son adelphe tapoter doucement son front propre en lui demandant à quoi sa cervelle de moineau lui servait, à part leur créer tous deux des cheveux blancs sans raison, et se força à secouer sa caboche. Il ne servait à rien, n’est-ce pas, de s'appesantir davantage sur ce qu’elle ne pouvait changer.
Hiroko l’avait compris bien avant elle. Mais d’ailleurs, que faisait-elle ? La tâche qui lui avait été confiée aurait dû être terminée depuis une éternité ; elle tardait. Les doigts de Kasumi glissèrent le long de la table où elle s’était appuyée, vinrent à la rencontre du bâton qui ne la quittait pas souvent. Prestement, l’objet fut saisi et testa l’espace autour d’elle, même si cela se révéla inutile. Après tout, elle connaissait la disposition de ses lieux de vie plutôt pas mal maintenant.

En quelques enjambées, la donzelle se rendit au seuil, profita des rayons de soleil qui s’étalait avec largesse. Ses paupières inutiles se fermèrent délicatement sous la première caresse de l’astre du jour, mais se rouvrirent bien vite. Un oiseau non identifié qui pestait, outragé par quelques injures qui ne concernaient que lui, ramena sur le devant du théâtre vide qu’étaient ses pensées la mélancolie et les craintes qu’elle tentait d’effacer.
Afin de ne pas se laisser retomber dans l’ennui et les troubles pesants, l’humaine reprit sa marche énergique, murmurant une excuse polie eu égard au volatile. Si elle se rappelait bien ses propres ordres, sa suivante était sensée se trouver… Où encore ?

La réponse lui revint, une fois les bruits du premier jardin dépassés. Au réveil, les deux jeunes filles avaient passé du temps à discutailler de leur journée à venir. N’avait-elle pas alors prié sa servante de lui trouver un cousin très lointain qui accepterait de perdre du temps pour l’occuper ? Oh oui, c’était cela ! Un modèle qu’elle ne connaissait pas, mais qui aurait la délicatesse de se montrer discret sur ses manques à combler. Quelqu’un d’atypique qui pourrait remplacer sa muse préférée, le temps d’une cession de pose, sans pour autant le lui rappeler.
Normalement donc, Hiroko devait demeurer dans les salles où les invités pouvaient circuler, pour attendre au plus vite une réponse d’estafette peu pressée si la perle à trouver était indisponible autrement. Ou ailleurs ? Était-elle allée simplement la chercher dans d’autres appartements que la demeure familiale abritait ? Non, elle n’oserait pas, n’est-ce pas ? À moins que quelqu’un de la famille ait eu besoin de ses services ?

Un coup de voix incertains, dans les lieux emplis de verdure croisés, lui assura que sa suivante savait décidément bien se cacher. Ses ongles courts se mirent à jouer gentiment avec leur longue manche associée, au rythme du clapotis de cours d’eaux croisés. Il ne s’arrêtèrent que lorsqu’il lui sembla pénétrer à l’endroit que finalement elle visait. Ses pas finirent en effet par la porter vers les salles d’apparat, en dernier.
Si elle devait rentrer dans son antre sans être satisfaite, décida-t-elle, boudeuse, l’autre allait le regretter. Qui savait ce que son imaginaire agacé et ennuyé risquait de créer dans son matériel préféré, puisqu’un portrait n’était pas possible ? Même un champ de billes non séché serait trop gentillet.


Elle fit glisser une porte, après avoir tâtonné pour la trouver déjà entrebâillée. S’arrêta sur l’entrée, silencieuse. L’oreille à l’affût, l’aveugle demeura la bouche légèrement entr’ouverte sur des souffles muets, le temps d’essayer d’obtenir un son ou un autre.
Quelques secondes plus tard, son regard s’écarquilla davantage, sous le coup d’une surprise ravie. L’artiste inclina alors la tête en guise de salut dans la direction écoutée, avant de pépier :

« Vous voilà, enfin ! Ayez l’obligeance de me suivre pour que nous puissions nous mettre au travail. »

Les bruits obtenus ne lui remémorant guère Hiroko, Kasumi avait décidé que la personne présente était son modèle si attendu. De ce qu’elle en savait, personne n’attendait d’autre invité.. Si ?
Elle fit ensuite volte face vivement, pressée maintenant de retrouver son chez-elle en particulier et surtout son argile à modeler. Curieuse comme elle était à présent des traits de la présence qu’elle précédait, elle dût se gronder mentalement et se faire violence pour ralentir son avancée. Déjà toute à l’ouvrage qu’elle comptait créer, la soeur d’Isao laissa alors sa curiosité liée s’exprimer :

« Ma servante a déjà dû vous entretenir des détails, n’est-ce pas ? Quel est votre nom ? Êtes-vous bien disponible jusqu’au coucher de soleil ? »

Se frottant légèrement le menton, elle rajouta, l’air dans ses gestes futurs à effectuer :

« Hiroko nous rejoindra sans doute aucun plus tard, pour vous porter à boire et de quoi vous nettoyer. »

Mais où était-elle d’ailleurs donc fourrée, sa suivante adorée ? Et pourquoi n’avait-elle pas mené leur nouvel ami jusqu’à ses quartiers auparavant ?

Anonymous
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Ven 18 Juin - 17:12
  
Voilà quelques jours, maintenant, que j'avais réussi à m'échapper du temple où un Chokkai était mort subitement et en provoquant beaucoup de bruit autour de lui. Quelques jours que j'avais réussi à sauver ma peau des griffes de l'infernal Voix du coin. Mais quelle plaie, ce gosse, j'vous jure ! Dire qu'il a osé me menacer de me couper les oreilles, le fourbe...Quand j'y repense, j'ai le poils qui s'hérisse. Kami, faites que je ne le revois plus jamais ! Faites que je n'ai plus à faire avec ce démon, ou quiconque lui ressemble.

Enfin, je suis sain et sauf, j'ai ma carriole avec moi, bien remplie et prête à sillonner de nouveau le territoire du Lotus. Il ne manque plus que les clients pour vider leurs bourses dans mes popoches et la vie sera très belle ! Pour maximiser mes chances de trouver une perle rare, je m'approche de la capitale du clan. Voilà quelques années que je n'y étais pas allé pour faire affaire. Voyons voir, qu'est-ce que j'avais fait, la dernière fois...Si je me souviens bien, j'étais tombé sur un vieil homme un peu dingue qui voulait absolument communiquer avec son fidèle chien décédé peu après sa femme, presque aussi fidèle. Pas besoin de se demander pourquoi elle était allée voir ailleurs quand on voit les priorités du bonhomme. Toujours est-il que je lui avais fait un tarif de groupe -il a quand même consenti à dire deux mots avec feu son épouse. Un moment à la fois gênant et hilarant- et vendu une statuette contre le kegare. Je me souviens très bien du festin que je m'étais payé après !

J'ignore ce qui m'attend, aujourd'hui. Je n'ai pas été appelé pour une requête alors j'ai le champ libre. Je n'ai plus qu'à prospecter, c'est à dire à me balader, et attendre que la nature fasse les choses. Généralement, j'attire les curieux, qui eux-mêmes attirent des gens et je peux rapidement finir au milieu d'un cercle d'intéressés. Voilà pourquoi j'aime tant travailler sur le territoire Renge.

Je déambule donc au gré des rues et de mes envies, sifflotant un air joyeux qui rappelle le chant d'un oiseau. Je souris aux passants et fais des grimaces aux enfants. Mes attributs félins intriguent les petits comme les grands mais, si les premiers s'approchent bravement pour essayer de toucher ma queue, les seconds sont plus méfiants et retiennent leurs garnements près d'eux. Ça ne m'empêche pas de la tendre vers les plus jeunes et de les frôler avec. Ils poussent alors des exclamations ravies, forcent leurs parents à m'approcher et je finis par me faire des clients. Tout est minutieusement calculé !

Mais là, ce n'est pas un enfant que j'attire mais une femme, qui semble être une servante. Elle sort d'une gigantesque demeure et semble chercher quelqu'un. Quand elle me voit, elle se met à rayonner et fonce dans ma direction.

"Vous cherchez du travail ? Que diriez-vous de vous faire prendre le portrait par ma maitresse ?"

Ma foi, j'ai rarement eu l'occasion de gagner ma vie en faisant si peu d'effort ! J'accepte donc et je la suis, toujours en faisant suivre ma carriole -sait-on jamais-. Elle me fait traverser une cour et des jardins magnifiques mais je n'ai pas le temps de m'arrêter pour observer, elle file comme une flèche. Bigre, elle est pressée ! Elle finit par me faire entrer dans une salle de réception et m'annonce que sa maitresse devrait arriver.

"Bien. En attendant, ayez l'obligeance d'aller me chercher un encas. Je meurs de faim et je refuse de travailler dans ces conditions."

La servante disparait aussi vite qu'elle est arrivée. Je crois que je suis tombé sur un très bon coup ! Tashi, tu es un vrai chat chanceux ! Et alors que je me frotte les mains comme un méchant de seconde zone, la porte coulisse de nouveau. Je me fige dans mon geste, honteux d'avoir été surpris. Mais, la nouvelle venue ne semble pas m'avoir remarqué. En y regardant de plus près, elle ne regarde même pas vraiment dans ma direction. Une aveugle, donc. Je me racle la gorge pour indiquer ma présence et elle semble ravie. Elle se met alors à parler rapidement et ressort, estimant sans doute que je vais la suivre.

"Les détails ? Non, je ne crois pas. Mais tant que je suis nourri, payé et même logé, je m'accommode de tout", je réponds en me mettant en marche. "J'ai bon nombre de noms mais on m'appelle Tashi le Bienheureux. A qui ai-je l'honneur, d'ailleurs ?"

Elle a l'air jeune, elle ne doit pas me connaitre. Voyons voir jusqu'où je vais pouvoir exploiter ce filon...

Anonymous
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Dim 4 Juil - 1:47
  
Tashi, Tashi… Le nom lui rentra par une oreille sans sortir par la seconde ; il évoquait trop d’histoires pour ne pas y rester, malgré son désir débordant de travailler son argile. Des récits de faits-divers variés vinrent rapidement s’amonceler dans son esprit étrangement ravi d’être ainsi distrait.
Leurs dires firent d’ailleurs quelque peu reculer l’impression vive qu’elle possédait toujours : celle de déjà sentir sous ses doigts sa matière préférée et d’en profiter. Les historiettes étaient trop nombreuses pour ne pas un peu s’entremêler, mais eurent en tout cas le don de lui offrir pour la suite un ton doucement amusé et un sourire intrigué.

Tout en se présentant à son tour, elle inclina légèrement la tête sans cesser de marcher, et faillit se prendre un mur, là, dans l’angle que son bâton n’avait pas vérifié. La rencontre houleuse fut évitée de justesse.

« L’on me nomme Sangaigusa Kasumi. Veuillez excuser mon incivilité, je songeais que ma servante vous avait déjà tout expliqué. »

Cinq de ses doigts, sortis de ses manches, vinrent effleurer la surface qui avait manqué d’embrasser son front. La longiligne chose fut usitée tel un nouveau guide éphémère pour la diriger. Une minuscule grimace souligna les quatre mots suivants :

« Je risque de vous tacher. Non, je tacherai vos traits. Sentir votre visage couvert d’argile vous gêne-t-il d’une quelconque manière ?»

Si oui, elle attendrait la venue de Hiroko pour commencer son ouvrage. Ainsi, l’homme pourrait se nettoyer aisément et rapidement, grâce à la cuvette d’eau que la domestique ne manquerait pas d’apporter. Ou sa servante pourrait enlever toute terre de ses doigts avant qu’elle ne touche le faciès inconnu ; tout lui allait.
La jeune fille hésita cependant avant de continuer, le temps d’un souffle. Décrire tout ce qui allait se passer par le menu l’ennuyait un petit peu, maintenant qu’elle avait un autre sujet de dialogue sous la main. Et puis sa curiosité la travaillait de plus en plus.
Au lieu de donner plus de détails à son modèle sur la scène dont il allait être acteur, elle l’entretint donc à la place de ce qui lui passait par le crâne.

« Je vous prie aussi de pardonner mon impertinence, mais… »

La sculptrice arrêta finalement brièvement ses pas, le temps de s’adresser encore à l’homme dans un unique souffle. Ses interrogations suivantes dûrent lui prendre tout l’air ou presque qu’elle avait dans les poumons, puisque ses joues se revêtirent d’un cramoisi délavé et qu’une respiration légèrement chaotique suivit ces indiscrétions :

« Est-ce Tashi le Bienheureux en hommage à l’être que nul n’attrape tendrement s’il ne le veut pas ? Ou Tashi-san surtout comme le félin noir malheureux, que des volées de bâtons suivent de temps en temps, mais ratent tout autant ? Aimiez-vous les contes et légendes qui sont accrochés à cette appellation ? »

Bien entendu que les deux Tashis cités étaient le même dans son esprit, mais elle songeait que son invité avait dû choisir une facette en particulier pour ainsi se nommer une fois adulte. Car il l’était, n’est-ce pas ? Sa voix n’était pas assez fluette pour appartenir à un enfant, si elle ne s’abusait pas. Les sons provenaient de trop haut pour qu’il ne mesure qu’autant que plusieurs bâtonnets d’encre empilés.
Toujours était-il qu’elle n’imaginait pas non plus être en train d’accueillir le héros de ces petits récits qui lui parvenaient et la régalaient parfois. Cela aurait été trop beau, pour cette admiratrice de fables et aventures en tout genre.

« On a dû vous le demander déjà mille fois. Tout comme si vous connaissez tous ses hauts-faits, n’est-ce pas ? »

Soupira-t-elle avec du regret.

« Mais permettez-moi d’espérer au moins, Tashi-san, que votre bonheur est réellement égal au sien décrit. Même si cela vous importune peut-être d’échanger des récits liés à votre nom. »

Il y a un point à toute promenade, comme à une phrase que l'on a finie, et celui du duo hétéroclite allait se dessiner assez rapidement. Le temps tout au plus de quelques minutes de plus et un jardin agréable ne tarderait pas à se dévoiler, donnant sur des appartements vers lesquels la soeur du Jokai les dirigerait.

Anonymous
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Dim 11 Juil - 19:08
  
Alors que mes pas suivent le chemin de mon étrange hôte, je sens un frisson me hérisser les poils lorsqu'elle se présente. Sangaigusa ? Non, pas comme l'horrible mini-tyran auquel j'ai échappé ? Voilà que je rencontre toute la famille, fabuleux ! Ils ressemblent trop pour n'être que cousins, elle doit être la soeur. A première vue, elle n'a rien à voir avec son frère maléfique mais avec les humains, j'ai appris à ne pas me fier aux apparences. Il vaudrait peut être mieux que je me carapate maintenant, tant que je le peux encore. Est-ce que son invitation était en fait un piège ? Est-ce que mini-tyran va sortir d'une pièce en me menaçant de couper mes adorables oreilles avec son regard méprisant ? Kami, soyez bons et foudroyez votre Elu sur place !

"Alors comme ça, vous allez faire mon portrait avec de l'argile, tout en étant aveugle ? Impressionnant. Nous pourrions bien nous entendre, je suis moi même créateur de statuettes. Mais non, cela ne me dérange pas, tant que je pourrais me nettoyer après."

Ah, mais je me monte la tête pour rien, cette gamine m'a l'air à peu près saine d'esprit. Juste un peu maladroite mais comment ne pas l'être quand il manque un sens aussi important que la vue ? Je suis bien placé pour savoir, moi qui n'y voit qu'avec un seul oeil depuis si longtemps. Mais, comparé aux humains, mes sens sont plus sensibles et j'ai pas ma queue. Mais, ô surprise, l'enfant me connait ! Mieux, elle croit que je suis un imposteur qui prend le nom de Tashi en mémoire à moi. Muhuhuh, quelle innocence ! Rien à voir, non, avec mini-tyran, c'est très rafraichissant. Oserai-je me venger de son comportement sur son adorable et naïve soeur ? Oui.

"Ah mais vous n'imaginez pas ! Tashi le Bienheureux est mon idole. C'est un yokai bon et généreux, il m'a sauvé la vie, voyez vous ?"Enfin non, elle ne voit pas, quel mauvais choix d'expression ! Je suis machiavélique. "Il mériterait bien plus d'attention. Les histoires le dépeignent comme un chenapan mais c'est faux. Il est victime d'injustice."

Alors, est-ce que j'en fais trop ? Non, vraiment pas. Et alors que je marche au niveau de mon hôte, ma queue vient, sans faire exprès, frôler son bras. Je m'écarte aussitôt en espérant qu'elle n'ait rien senti. Fichtre, ma couverture va être compromise.

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Mer 21 Juil - 18:08
  
« Vous pourrez bien entendu faire une toilette, mais je n’ai malheureusement guère dit que le résultat sera fidèle au modèle. »

Rétorqua-t-elle. Du regret s’entendit à nouveau dans ces dires, mais s’effaça dans les suivants. Il laissa la place à une curiosité non feinte une fois encore, tandis qu’elle mêlait deux de ses passions. Son front se plissa, son regard s’agrandit de plaisir alors qu’elle interrogeait Tashi :

« Sculptez-vous l’argile aussi ? Oh je vous en conjure.. Me raconterez-vous exactement comment vous l’avez rencontré ? Si cela ne vous importune trop, m’expliquerez-vous aussi de quoi il vous a sauvé, s’il vous plaît ? »

Kasumi sursauta légèrement, au contact de la queue, mais dut sans doute se dire que l’homme avec qui elle discutait avait dû simplement avoir un geste maladroit avec son kimono, puisque cela n’alla pas plus loin.
L’incident se ponctua simplement sur bien d’autres questions :

« Avez-vous eu le temps de longuement lui parler ? »

Enchaina-t-elle ainsi, se laissant dévorer à présent par la curiosité. Son interlocuteur avait traité Tashi le Bienheureux d’idole ; cela ne devait donc pas le gêner de longuement en parler.
Toujours inconsciente du fait qu’elle discutait directement avec le héros en question, elle continua sur sa lancée :

« S’il n’était pas au moins un peu fripouille, beaucoup des récits sur lui n’auraient pas de sens. Pensez-vous donc qu’ils soient tous faux ? »

L’idée parut maintenant la décevoir brièvement. N’ayant nullement connaissance du fait que le yokai se vengeait gentiment du comportement de son frère et la faisait marcher, l’aveugle ne considérait pas les informations qu’on lui offrait tel un mensonge.
Ce Tashi-ci disait donc avoir rencontré une personne qui les inspiraient tous deux. Ainsi la connaissait-il mieux qu’elle, qui ne l’avait jamais côtoyée qu’au travers de dires et de rumeurs.
S’il venait à l’inciter à penser que la crapule si souvent contée était au final fort courtoise, civile, et complètement différente de ce que Kasumi avait jusque-là imaginé, sans doute sa crédulité la ferait-elle accepter d’inverser son point de vue. Qu’elle espéra cependant qu’il ne détruirait pas totalement l’image qu’elle avait du héros chenapan était compréhensible ; il était toujours dur de perdre ses illusions. Surtout pour en récupérer d’autres. Entendre les contes sur Tashi le Bienheureux lui donnerait, de plus, beaucoup moins de plaisir ensuite,

« Ressemblait-il véritablement à la description que la plupart des histoires font de lui ? Ou est-il comme dans celle douteuse, dans laquelle il est décrit ayant en plus deux yeux dans le dos ? Vous savez, celle à propos du cordage… ? »

L’enfant Sangaigusa avait de nouveau arrêté ses pas pour mieux questionner son interlocuteur qui l’enchantait. Hiroko avait bien choisi.

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Mer 28 Juil - 12:05
  
Parler de moi à la troisième personne, c'est assez singulier. Je sais que j'ai une forte opinion de moi même mais mon niveau d'égocentrisme vient d'en prendre à coup. Je dois me décrire face à cette gamine qui semble adorer entendre mes histoires. Ma réputation dépasse mes attentes ! Ce n'est plus un filon que je vais exploiter mais une mine. Et si je peux en plus faire rager l'ainé Sangaigusa, je ne vais pas m'en priver. J'imagine la tête qu'il aura en rentrant chez lui et en découvrant partout, dans chaque pièce, des statues de moi. Avec un peu de chance, il fera une crise cardiaque et j'aurai débarrasser Kôgoten d'un futur tyran. Il va déclencher des guerres, j'en suis persuadé !

"Mais c'est avec une immense joie que je vais vous conter l'aventure qui m'a permis de lier ma vie à la sienne. Vous verrez alors si les histoires que vous avez entendu lui font honneurs ou non. C'était il y a quelques années, maintenant, et je n'étais qu'un pauvre cha...gamin perdu dans la forêt. Il faisait un temps abominable, l'inondation n'était plus très loin. Je marchais sans vraiment savoir dans quelle direction aller, je n'y voyais rien à cause de la pluie et du vent. Je ne remarquais donc pas que je m'approchais du bord d'une falaise !"

Je fais une pause dramatique en lui attrapant le bras, la faisant sursauter. Elle est prise par mon récit ! Je dois faire monter l'intensité de l'histoire, lui donner les larmes aux yeux. Elle m'admirera tellement, enfin, elle admirera le sauveur, qu'elle voudra lui rendre grâce. C'est un plan parfait, à n'en point douter.

"J'ignore si j'avais mis les Kami en colère, ce jour-là, mais ils ne furent nullement clément avec le pauvre garçon que j'étais. Terrorisé, affamé, au seuil de la mort sans même le savoir, je n'étais qu'une pauvre âme abandonnée. Et soudain, une bourrasque particulièrement violente me déséquilibre et ce n'est qu'à ce moment que je réalisais la présence du gouffre à mes pieds. Je n'ai même pas le temps de crier à l'aide, c'est tout juste si un cri est sorti de ma gorge. Mais, j'aurai eu beau m'égosiller, on ne m'aurait jamais entendu dans le raffut de la tempête. C'est donc muet que je me suis senti partir en arrière. J'ai désespérément tendu les bras en avant dans l'espoir d'agripper quelque chose mais rien à faire, je tombais. Et alors que je glissais complètement, ma tête étant désormais orienté vers le bas, je sens quelque chose qui me retient par le pied. Ce quelque chose me remonte sans peine et me pose loin de la falaise. Croyez le ou non mais à ce moment là, la tempête s'est calmée. Comme si les Kami avaient décidé que mon châtiment avait assez duré. J'ai pu contempler mon sauveur. Je vous laisse deviner qui c'était. Non, il n'a pas d'oeil dans le dos, il en a qu'un sur le visage. Il a une chevelure aussi douce que la plus douce des étoffes. Et ces oreilles, Kami! ses oreilles sont d'une douceur sans mot. De sa longue queue, il m'a caressé la joue pour me rassurer."

Nouvelle pause pour reprendre mon souffle. Je m'emballe peut être un peu là ! Mais il faut dire que je suis moi même absorbé par mon propre récit. Si ça ce n'est pas du talent, qu'est-ce que c'est ?

"Il m'a accompagné dans une grotte où il s'était abrité, m'a permis de me sécher et de me reposer. Ensuite, il a posé sa main sur mon épaule, comme ça,"J'imite mes dires en faisant la même chose avec Kasumi, "Et il m'a dit :Tu as eu de la chance, gamin. Mais je ne serais pas toujours là pour te sauver. J'ai une solution pour toi. Tiens, prends cette statuette dorée, elle te protégera. Parce qu'avec les figurines de Tashi le Bienheureux, la chance te sourira toujours. Tu ne seras plus jamais menacé, plus aucun danger ne te guettera, tant que tu l'auras avec toi. Et vous savez quoi ? Ça marche. Ça fait dix ans qu'il m'a sauvé et il ne m'ait rien arrivé depuis.

Boum.

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