[Solo] Vivre au travers d'un nom pour un autre

VIVRE AU TRAVERS D’UN NOM POUR UN AUTRE
♫ 红绝 伴奏  ♪



Ce fut de longues heures de coiffage, de maquillage, d’habillage. L’excitation de la Kougen était retenue par son éducation parfaite. Les interminables minutes n’avaient réussi à défaire la calme expression de ses traits paisibles. Malgré tout, les préparations avaient régulièrement été interrompues. Hibiki était partie vomir deux fois, si bien que ses suivantes durent patienter pour terminer son maquillage. Quand ses nausées eurent terminé, ce fut le besoin d’uriner qui vint rythmer le revêtement de son kakeshita. Si la pression subie par les accompagnantes ne cessait d’augmenter au fil des péripéties la Kiku, elle, restait tranquille d’apparence. La fatigue et la tension ressentie dans sa poitrine devaient l’aider à ne pas s’agiter.
La maquilleuse finit de peindre ses lèvres d’un rouge vif sur sa peau poudrée de blanc. La peinture de la pureté et de la religion ne pouvait mieux s’exprimer que sur le visage de Kougen Hibiki. Elle ouvrit lentement ses yeux et observa le obi tendu. Son cœur se pinça. L’héritage de sa mère qui malgré tout n’était pas venue le lui donner en mains propres. La jeune femme se demanda si sa génitrice était fière d’elle. La ceinture brodée de grues au fil d’or serait bientôt cachée par le uchikake. Avant cela, c’était encore de longues heures de coiffe qui attendait la future mariée. Son chignon fut piqué des plus fins accessoires avant que le watabōshi blanc n’entoure son crâne. Enfin, les cornes de la jalousie furent couvertes d’une capuche immaculée. La conseillère fut assistée afin de se relever. On lui confia un éventail et son hakoseko.

Elle était prête.
Elle ne serait bientôt plus Kougen ni conseillère spirituelle de l’Empire.

Ses pas gracieux la guidèrent jusqu’à son futur époux. Elle lui sourit, les yeux brillants de tendresse en l’observant dans sa tenue traditionnelle. Elle aurait aimé lui tenir la main mais se retint ; au lieu de quoi elle le suivit le zashiki, les bras chargés d’offrandes. Ils traversèrent le kohai du temple entre les poteaux carmin. Sous les ebikoryo ornés d’oiseaux et de dragons, le couple pénétra une petite salle où se trouvait un autel. L’impériale fit glisser ses pieds sur les tatamis. À chaque cadeau déposé pour les Kami, Hibiki les remerciait sincèrement. Aujourd’hui était la première étape de son union avec l’homme qu’elle aimait. La seconde s’agitait dans son bas-ventre ; la jeune femme ne doutait pas des raisons de ses difficultés passées quelques temps auparavant. Après, elle écrit soigneusement son nom sur les lattes en bambou, ses yeux curieux de celles de Kazuo. Ensuite, elle but en premier le saké puis en versa dans le contenant de son amant. Ce fut à son tour de répéter l’action, aussi Hibiki but-elle encore avant de laisser le liquide sacré s’écouler une fois de plus. Le Daimyo finit sa seconde coupe et tous deux se levèrent.

Tetsuko Hibiki, Dame du Camélia.
C’était qui elle était désormais.