Aucune bénédiction

Dans un lieu où la beauté est considérée comme au-dessus de tout autres choses, a-t-il le droit de ne pas la voir dans tout ce qui se pose devant son regard ? Oh, bien sûr, les hommes et les femmes dotés d'une beauté sans précédent se sont déjà présentés à son regard, mais là où la beauté extérieur physique, lui trouve cela plus attrayant quand la beauté vient du cœur. Là où une grande partie de sa famille se focalise beaucoup plus sur la beauté seulement extérieur des personnes, de ce que les autres peuvent voir, lui aime se focaliser beaucoup plus sur la beauté intérieure des gens. Qualifier de quelqu'un comme étant beau est une chose qui fait toujours plaisir, mais quand il dit, par exemple, qu'une personne lui plaît, il parlera également de ce que cette personne est à l'intérieur de lui. Il a sans doute eu trop l'habitude de se trouver face à quelqu'un possédant un physique des plus attrayants, mais ayant un cœur tellement pourris que des asticots en sortait de sa bouche quand il parlait. Magnifique image, n'est-ce pas ?

Il considère cependant toutes choses avec une beauté, certes, celle-ci est souvent bien cachée, et ne demande qu'à être dévoilée, mais tout objets, toutes choses en ce monde, possède une beauté qu'il faut savoir remarquer. Ses parents lui ont inculqué des règles avec tellement de force qu'elles sont encore ancrées dans les moindre parcelles de son esprit. Que le plus important et ce que les autres peuvent penser de soi, peu importe que l'on soit quelqu'un de bien à l'intérieur de nous, il faut qu'à l'extérieur, il soit parfait. C'est sans doute pour cela qu'il prend toujours soin de brosser ses longs cheveux aussi noir qu'une nuit sans lune, pouvant passer plusieurs longues minutes à les démêler, à les attacher avec une sorte de chignon en haut de sa tête avec le reste de la longueur qui pend dans son dos. Malheureusement pour lui, il ne supporte pas d'avoir les cheveux tirés à quatre épingles, depuis le jour où on lui a dit qu'attacher autant plaquer sur sa tête favorise leurs pertes. Et devenir chauve ? Hors de question pour lui. Mais ils sont parfois si lâche que certaines mèches lui retombe sur le visage. Il fait toujours attention au kimono qu'il peut porter, essayant d'en prendre de bonnes factures, afin que son père et sa mère voient qu'il prend son rôle de Hanka très à cœur. Et surtout qu'il fait bien attention à ce qu'il peut paraître aux yeux de tous.

Et dans le paraître, il y a également ce sourire de façade qui se dessine sur ses fines lèvres pâles quand son regard clair rencontre celui de l'un de ses compères humains. Avoir toujours l'air aimable, à l'écoute, prêt à bavarder avec quelqu'un même s'il y a une chose qu'il doit faire rapidement. Faire taire les sentiments négatifs qui pourraient pousser en lui, non mon fils, la colère n'est pas quelque chose d'appréciable en société, surtout pas pour un homme tel que toi. Oh, et la franchise, cela ne sert à rien. Les gens ne veulent pas entendre la réelle vérité, mais un beau mensonge, celui qui arrange les autres. Oui, le mensonge est si beau dissimulé sous une couverture de soie pure plutôt que considérer comme un poignard aussi fin qu'une ficelle. Et c'est une chose qui dégoûte profondément Asano, qui, à la moindre occasion, fuit pour être seul, pour être vraiment lui-même, rien que quelques heures.

Ses parents lui apprirent que les gens se mentaient à eux même tous les jours, qu'ils faisaient toujours semblant que tout allait bien, qu'ils sont chaleureux, bienveillants, mais qui crache leurs venins de serpents dès que la proie a le dos tourné. Il n'a donc jamais prit l'habitude de se laisser réellement aller avec les autres, posant un mouchoir sur son cœur pour ne pas que ses réelles pensées, ses vrais sentiments ressortent aux yeux de tous. Donc peu de personnes sont au courant de ce qu'il est réellement, un jeune homme tiraillé par la façon dont il pense et la façon dont il a été élevé, souriant réellement qu'à quelques élus et croyant pouvoir un jour être lui-même dans ce clan ou tout est seulement d'apparence, ou les gens ne sembles qu'être intéressés par le paraître, lui veut quelque chose de vrai, de réelles, rien n'ayant un quelconque attrait pour l'apparence...

Le bruit du ciseau à bois passant sur ce dernier était couvert, en cette belle après-midi ensoleillée, par le bruit reconnaissable du chant de la grue qui était venu s'installer dans le petit étang de son jardin, à la recherche de quelques petits batraciens à avaler. Cet étang, combien de fois pouvait-il apparaître dans les souvenirs de son enfance ? Il se souvient des journées chaudes d'été qu'il passait, les pieds dans cette eau pure, sa mère le surveillant de prêt, pour ne pas prendre le risque qu'il ne chute. Le souvenir d'avoir également vu, un jour, son père y mettre quelques poissons qui disparaissaient rapidement peu après, manger par quelques oiseaux de passage. Combien d'après-midi avait-il pu passer dans ce jardin, à jouer avec une balle dans la main, qu'il lançait comme il le pouvait avec ses fins bras de bambin. Ce vieil arbre l'avait tellement entendue rire à gorge déployée quand il était loin de penser à la dureté de la vie, tellement que parfois, quand le vent serpente entre ses branches, il a l'impression d'entendre les rires de son passé, ceux qui maintenant, sont tellement rare.

Son geste se stoppa alors qu'un copeau de bois venait rejoindre ses frères finement taillés. L'homme tourna lentement la tête, pour poser son regard clair sur l'un des poteaux extérieur de la maison, regardant plus les marques qu'il y avait ancrés dans le bois, comme des indices de ce qui s'est passé ici. À chacun de ses anniversaires, sa mère avait pris l'habitude de le mesurer, pénétrant avec une lame le bois pour le marquer éternellement. Il aimait parfois les regarder, rien que pour penser à toutes les années qu'il avait vécu dans cette maison qui est maintenant la sienne, celle qui devrait un jour accueillir ses propres enfants. Allait-il en avoir un jour ? Rien n'est si sûr. En repensant à ce que ses parents attendaient de lui maintenant qu'il était adulte, qu'il avait repris l'affaire, il se redressa lentement en poussant un soupir, posant sur un petit bureau où il avait appris, quand il était petit, l'art d'écrire, de dessiner, et de lire, le shaku qu'il était en train de préparer. Rien qu'à penser aux heures durant qu'il avait passé, assis là, à écrire, il en a des frissons dans le dos.

Il longea sa demeure, pied nu, passant devant un portrait de son père et de sa mère. Le premier avait une mine grave, portant l'un des Shaku qu'il avait fabriqué pour l'un des illustres personnages de l'histoire, c'était un homme strict et réservé. À ses côtés, se tenait sa mère, douce mais stricte, qui avait toujours la particularité de sentir la fleur et qui avait fait son éducation avant qu'il ne commence, à l'âge de 14 ans, son apprentissage pour reprendre la fabrique familiale.

Ouvrant la porte coulissante dans ce qu'il appelait ironiquement « son bureau », son regard se posa immédiatement sur la tenue de cérémonie d'union, convenablement pliée sur un coin surélevé. D'habitude, il avait tendance à l'ignorer, ne voulant, depuis toujours, ne pas entendre parler de mariage. Non pas que l'amour ne l'intéresse pas, puisque, de toute manière, l'idée du mariage que se faisaient ses parents n'avait aucun lien avec un quelconque sentiment d'amour, mais c'était surtout que ses prétendantes n'étaient pas à son goût. Ses parents sont au courant, qu'il n'est attiré que par la gente masculine, mais ils souhaitent tout de même le voir se marier un jour avec une belle demoiselle. Cette dernière allait pouvoir lui offrir des enfants, une descendance, et rien ne l'empêcher d'avoir des amants à côté. C'est une phrase que lui dit souvent sa mère, bien qu'Asano a l'habitude, depuis plusieurs mois, de faire la sourde oreille.

Il ne veut pas de ce genre de mariage, uniquement créer pour le plaisir de l'étiquette. Il ne veut pas enfermer une femme dans un mariage où il n'y aura jamais d'amour, dans une vie en couple sans caresse et sans sentiment. Cela est accepté par la plupart des personnes dans ce monde, mais ce n'est pas pour autant que lui fait partie de ce genre de personne. La pensée même de se marier à une femme le dégoûte. Mais il sait, qu'un jour, sa mère lui trouvera une femme qu'il ne pourra refuser, et ce jour-là, il espère sincèrement qu'elle soit conciliante et qu'elle possède, elle aussi, une attirance pour son propre genre.