L’ombre invisible des kōshinsō sous le soleil

L'OMBRE INVISIBLE DES KŌSHINSŌ SOUS LE SOLEIL


À défaut de se montrer à la hauteur de son rang dans les arts martiaux, la Dame était intelligente. Isao ne pouvait lui retirer cette qualité. Il posa son menton sur le dos de ses mains jointes. Il s’était retrouvé pris à son propre piège : Kaguya l’invitait à se confier en premier. Elle avait même choisi le sujet pour lui. Le Jokai ne considéra pas possible d’esquiver cette balle lancée dans son camp sans défaire son discours précédent. S’il ne jouait pas le jeu, la cheffe militaire Renge ne pouvait croire en sa sincérité. Il ne pouvait se permettre de la laisser douter de lui. Il sourit simplement. Ses yeux se plissèrent légèrement, affichant une expression mystérieuse. Difficile de savoir ce qu’il pensait à cet instant : s’amusait-il de la situation ? La toisait-il ? Riait-il de son propre destin, finalement coincé ? Les yeux de son geki exprimaient toutes ces questions. Demeurant silencieux, il déglutit en fixant son supérieur.

« J’éprouve peu de respect à ceux qui m’en manquent entre les lignes de leurs courriers, voilà tout. Qui plus est, ne peut-on pas faire plus opposé que les militaires du Camélia face aux forces spirituelles Renge ? »

L’Élu se redressa, glissant ses coudes pour les ramener contre ses côtes. Ses mains prirent leur place, se réchauffant sur la céramique brûlante de sa tasse. Il ferma les paupières.

« Puis, comme vous le savez, j’ai quelques difficultés avec l’incompétence. Je doute de pouvoir appeler la passivité d’un homme de pouvoir une qualité. Cela n’est qu’un point de vue personnel : je n’ai pas de grief personnel contre cette personne que je connais pas. » Il releva son regard perçant sur Kaguya. « Contrairement à vous qui avez un épisode commun avec, je suppose. »

Levant sa tasse jusqu’au niveau de sa poitrine, le Capricieux interrompit son geste et ricana.

« J’imagine que cette confession ne vous aura pas étonnée. »

Le thé fut porté à ses lèvres. Isao apprécia silencieusement le breuvage, considérant la seconde question de son interlocutrice. Ses sourires s’effacèrent. Son visage parut soudain un peu las, fatigué même. Là était le cœur de ce que leur relation devait apporter. Aussi, le Jokai réfléchit sérieusement. Il reposa sa tasse.

« Veuillez pardonner mon impolitesse, mais j’aimerais répondre à votre question par une autre. Votre réponse guidera la mienne. »

Il resta pensif encore quelques secondes. Cela ne semblait pas être de l’hésitation : tout dans son attitude corporelle démontrait sa confiance en lui, comme son ton assuré.

« Quels sont, selon vous, les points de vigilance méritant attention afin de garantir la prospérité de notre clan ? »