[Terminé] Des éléments qui détonnent et un Sakura qui rayonne [Pv Gemmei]

Elle avait un style médiocre, il adorait ça. Quand elle prit cette posture désinvolte, il eu le temps de voir tous le monde trouver... inutile ? Il releva les yeux qu'elle avait déjà … bondit ? Non il eu le temps de parer et enchainé d'une frappe horizontale qu'elle para facilement, sa garde était ouverte, en rien de temps, il n'avait pas le temps et vit la saya arrivé droit dans sa gorge.
Elle avait de la ressource... ça allait être amusant...

« Pas besoin d'avoir d'avoir de trucs stylés à dire, juste laisse aller ton art »

Le Daimyo laissa alors ses deux bras le long du corps, comme elle l'avait fait le coup d'avant, il prit un souffle, cette garde n'était pas une garde, mais un piège, il comprenait cela parfaitement, cherchant à quelle vitesse il pouvait réagir. Il apprenait de son adversaire. D'un coup il s'avança vers elle, le torse bombé, les bras patientant le long de son corps, défiant si elle réagirai avant lui. Il était paré... paré... paré... Quand elle leva la lame car il était à porté, il envoya sa saya sous la cheville avant de la femme et s'infiltra dans sa défense en la déséquilibrant, sa lame venant stopper le coup en représailles, il se retrouva près d'elle, chacun bloquant les bras de l'autre. Torai réagit instinctivement par un coup d'épaule droit dans son visage pour la mettre à terre en utilisant toujours cette saya pour soulever sa jambe et la renverser à terre. Leur style n'avait rien d'artistique mais se battre avec style, c'était ça leur art martial. Il recula la laissant reprendre sa garde, cette fois-ci reprenant une posture Iaido, sa lame retournant dans sa saya pour préparer la prochaine attaque. Il jouait avec les codes, n'appliquant aucunes règles à son art. Lui le tigre-amer était simplement un artiste médiocre mais un guerrier capable de s'adapter à ses adversaires et changer de style avec brutalité.
Le prochain coup serait une attaque à deux main enchaîné avec un coup de pied pour la déstabiliser, le Daimyo était entrain de visualiser l'art de la femme, comment s'adapter à sa défense, comment y répondre. Il prévoyait encore un mouvement hors propos comme une prise au sol. Il voulait lui faire quitter l'art de l'épée et enchaîné sur le judo. Mais pas le temps pour lui « Kyaï » le coup partie d'un coup, pas d'épée tirer cette fois, il frappa à deux mains avec toute sa force, rappelant le premier coup... comment réagirait elle ?

Des éléments qui détonnent et un Sakura qui rayonne

Gemmei leva un sourcil. Il était étonnant de voir le Daimyo prendre la posture que la Sakura avait arborée précédemment. Voilà un homme versatile, pensait-elle. Autour d’eux, invités et artistes chuchotaient en les observant. Pour une fois, l’enfant des Cerisiers n’était pas la seule à recevoir des regards dédaigneux. Peut-être même qu’en cet instant, Torai en acquérait davantage. Quand bien même l’adoptée Takegi trouvait admirable qu’une seule personne puisse être si versatile dans un combat, elle regrettait qu’il y mette si peu d’honneur.
Qui était-elle pour juger, de toute façon ? Son sang n’était pas plus noble que le sien. Peut-être étaient-ils identiques sur ce point finalement… À porter le pouvoir divin d’une lignée directe sans pouvoir l’honorer par sa simple existence. Pourtant, la bushi ne parvenait pas à être à l'aise.

La Sakura s’élança, fut parée. Ses yeux ne quittaient plus le Daimyo, tandis qu’elle faisait glisser le katana de son opposant sur le sien. Elle pivota son poignet gauche pour porter un coup de wakizashi ; paré une fois encore. La seconde suivante, elle leva haut sa lame droite pour l’abaisser promptement sur son adversaire, qui l’arrêta une fois encore. Les yeux du public ne semblaient pas pouvoir suivre le rythme des échanges. Gemmei voulut asséner un autre coup du bras gauche ; le moment idéal pour passer à travers sa garde. Surprise par la saya sous elle, son œil lâcha un court instant son adversaire. L’instant de trop. Très vite la Samurai tomba à terre ; par réflexe, elle fut prête à trancher tout ce qui se dressait sur son passage. Torai la laissa néanmoins le temps de se relever et se remettre en position. Au début, Gemmei reprit sa position aux épaules lâches, les mains au niveau des cuisses et les armes tendues vers son adversaire. Son regard était dense, hostile même. Elle finit par soupirer en ramenant ses pieds joints.

« Vous combattez vraiment comme une fripouille… » lâcha-t-elle en éteignant son sourire un bref instant. Il y avait comme un dégoût dans le fond de ses iris brûlants. Elle haussa les épaules. « Non pas qu’j’ai pas l’habitude d’me battre avec des canailles mais ici, c’pas l’endroit. Pas l’moment. »

Car les nobles ici présents et Uzume lui-même qui avait un jour fréquenté ce palais, méritaient le respect. Ils n’étaient pas dans un lieu de passe. Malgré l’attitude nonchalante de Gemmei, malgré le dédain naturel de son comportement, malgré l’étiquette presque non existence dans sa façon d’être… Cela était trop pour elle ; elle se sentait touchée dans l’éthique la plus fondamentale de sa personne. L’adoptée Takegi s’inclina très bas, les bras tendus le long de son corps. Sourcils froncés, elle criait presque tant sa résolution était forte :

« Pardonnez-moi, Ouka-sama, mais j'souhaite pas poursuivre ce combat. »

Torai était excité par ce combat au point qu'il ne prêtait même plus attention à son public. Vieil tradition qui avait décidé ce qu'était la perfection. Cependant, le coup de massue vint bien de son adversaire. Elle avait perdu ce sourire, cette flamme. Avait elle vraiment demandé cela ?...

Le visage de Torai perdit son sourire sur le champs et son visage se ferma. Il était profondément déçu. Pas ici.. pas le moment... Se rendait elle compte que ce combat était une œuvre d'art au même niveau qu'un « coup parfait » de Iaïdo. Les yeux du Daimyo se posèrent sur sa cours toute entière de sa plus grande hauteur, un regard fermé qui ne dégageait plus qu'un mépris. Si ses chefs militaires reconnaissaient son talent martial. Personne ne pouvait reconnaître ça comme de l'art..

L'art n'était il pas l'essence même de crée de l'émotion par un spectacle.

Il ne lui adressa pas de regard, se contentant de la saluer, à son égale dans cet échange que lui seule estimerait comme œuvre d'art finalement... Lui qui était descendant de Uzume, artiste reconnu uniquement par lui même.

« Ce fut un bon combat » dit il avec respect pour elle. Mais si sa voix était devenu monocorde, il n’arborait plus qu'un sourire pincé et un regard haut, ne l'offrant à plus personne ici. Toraï repensait à ce qu'elle avait dit... se battre comme une fripouille... Y repenser lui fit faire un nouveau tour de sang.

« Merci pour tout » fit Torai à sa cours, sans un regard de plus pour Gemmei, son sourire toujours pincé.

« Avant de reprendre les découvertes du futur festival... peut être un duel plus artistique que le précédent. » fit il en adressant un signe de tête à un des nobles afin qu'un autre duo de combattant prenne place pour se battre devant Daimyo qui adressa furtivement un regard à la femme derrière lui. C'était ça pour toi ? Un duel artistique ? Se disait il l'observant en coin puis reprenant une posture plus concentré.

Ça l'agaçait encore... il avait du mal à retrouver son calme, son genou le lançait même, sûrement avait il trop travailler dessus durant les échange. Finalement, le combat prit fin et Ouka-sama pu se concentré de nouveau sur les divers présentations pour les festivités. Quelques travailleurs du bois et de cuirs présentèrent peau, tenue et renfort d'armure. C'était de belles pièces ouvragés.

Mais Torai ne parvenait pas à retrouver ce sourire d'avant ce combat.

Des éléments qui détonnent et un Sakura qui rayonne

La culpabilité. Voilà un sentiment qui ne traversait que rarement le cœur de la désinvolte Sakura. Pourtant, l’instant d’avant, tout son corps s’était crispé au moment où le Daimyo avait élevé la voix. Immobile dans sa position inclinée, Gemmei avait été persuadée que son franc parler serait vécu comme un affront. Peut-être même que Torai l’aurait obligée à poursuivre le combat. Il n’en était rien. Les mots prononcés par son chef n’étaient qu’une politesse ; même elle, avec son esprit inintelligent, l’avait perçu dans le ton de sa voix. L’adoptée Takegi s’était redressée, ses traits exprimant l’incompréhension et la surprise, pour croiser le regard déçu du Daimyo.

Oui, culpabilité.
Elle s’était inclinée une nouvelle fois, remerciant oralement son adversaire comme tout bon bushi aurait fait. Puis elle pivota sur ses talons pour disparaître de la vue de tous. Son attitude semblait aussi sereine que d’habitude, mais son pas était lourd. Elle avait pensé ne pas se retourner, malgré tout, au seuil des portes de la grande pièce, Gemmei se retourna. Il n’y avait plus un regard pour elle. D’autres avaient pris sa place. Un goût amer dans sa gorge, la femme disparut pour de bon.

***

L’amertume n’avait pas quitté le fond de sa gorge. Ce n’était pas qu’elle culpabilisait encore ; car elle avait écouté son coeur. Même son maître avait quitté les lieux dès le premier combat. Gemmei sourit. Un bushi aussi droit que lui n’avait probablement pas apprécié un duel aussi déshonorant.

Le vent avait commencé à se lever, dans le palais Ouka. En cette froide saison, les brises n’étaient pas aussi agréables qu’à l’époque des cerisiers. La Samurai croisa les bras et se frotta par-dessus ses vêtements dans l’espoir de se réchauffer. Elle porta son regard au loin, par-dessus les cerisiers d’hiver. Le soleil n’allait plus tarder à se coucher ; il avait déjà coloré le ciel de ses teintes orangées. Perdue dans ses pensées, Gemmei n’avait pas vu le temps passé. L’alcool avait probablement aidé ; sa gourde était presque vide. Elle ricana sans aucune raison en continuant de se promener parmi les frênes et les virgilliers. Un hoquet. Un autre rire.

« L’saké était pourtant si bon... » maugréa-t-elle à elle-même.

Quand tout à coup, elle sentit une présence derrière elle. Malgré son inhibition, la Sakura ne manque pas de réflexe et fit aussitôt volte-face. La silhouette face à elle était familière. Elle ramena aussitôt l’amertume à ses lèvres. Gemmei soupira, attrapa son tokkuri et en défit le bouchon. Ne sachant quoi dire, elle se contenta de boire.

Le reste de la journée fut finalement un long défilé d'artiste plus doué les uns que les autres. La noblesse raffolant de la culture et la perfection de certaines pièces qui laissaient désormais indifférent le Daimyo qui eu bien du mal à se concentrer à nouveau sur les présentations, retrouvant tout de même de l'intérêt pour les pièces visuelles, celle-ci enchantait son esprit printanier et fertile.

La nourriture lui redonnât un sourire plus agréable et finalement, la fin de journée pointait son nez qu'il avait retrouvé un semblant de moral.

L'incident de la journée ayant été oublié par respect pour sa personne, Toraï avait réussi à récupérer une des bouteilles de Sake Haut de Gamme qu'avait apporter un producteur. L'odeur l'avait enchanté et l'idée de la boire lui avait bien plu. Il repensa à la femme qui avait mit fin au duel. Maintenant calmé, il comprenait son geste, elle avait fait cela afin qu'il cesse d'agir comme son père l'avait toujours réprimander. Comme il l'entendait. L'art d'un combat n'avait jamais selon lui été définit par la qualité d'un mouvement, mais dans l'utilité et l'efficience de celui-ci et même si son Iaïdo était un art qu'il maîtrisait au niveau de certain maître. Il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir porter un second coup...

Il demanda à un serviteur si il avait vu Takegi-Sama et on lui indiqua. Emportant sa bouteille avec lui, Daimyo dut se résoudre à l'accepter.. il devait lui présenter de vrais excuses. Ainsi, il se rendit à la place qu'on lui avait donné et là, la vit. Hésitant un instant, il fit finalement le premier pas vers elle, sans se cacher et celle-ci lui fit face. Il s'arrêta à un mètre d'elle.

« Je vous ai amené un cadeau » fit il en présentant la bouteille, un Hiya de dégustation. Il baissa la tête lui tendant celle-ci à deux mains.

« Takegi-Sama, je vous présente mes excuses pour ce duel médiocre et vous remercie d'y avoir mis fin. Je n'ai pas agis comme un bushi doit le faire. » dit il, sa voix avait retrouver une partie de sa force et elle pouvait sentir que ce n'était pas une voix monocorde et contrôler.

« Votre style unique m'a donné envie de vouloir agir... autrement.. » dit il. « Je suis le seul fautif, je suis vraiment désolé » Sa tête se releva finalement, attendant un regard de sa part, signe qu'elle accepterai ses excuses.

Des éléments qui détonnent et un Sakura qui rayonne

Il était si proche. Gemmei s’était mise à boire par réflexe, l’ivresse appelant l’ivresse. Peut-être aussi souhaitait-elle chasser un fantôme avec de l’alcool. Torai n’était néanmoins nul fantôme et lorsqu’il s’approcha encore un peu, réduisant la distance entre eux deux, la Sakura n’eut d’autre choix que de lui faire face. Elle baissa la tête sans le quitter du regard. Son expression mélangeait la culpabilité d’un enfant et l’impatience d’un ivrogne. Accrochant son tokkuri à sa ceinture, elle sentit que ce dernier était presque vide. La bushi rose parvint cependant à retenir un soupir alcoolisé par respect pour son interlocuteur. L’étiquette revenait à ses habitudes dans les moments les plus improbables.

« Un cadeau ?... » répéta-t-elle sans cacher la surprise dans le ton de sa voix.

Puis son oeil s’ouvrit grand, son menton se leva. Mille étincelles brillèrent dans le fond de son regard tandis qu’elle le posait sur la bouteille tendue.

« J-Je peux ? »

Elle aurait dû refuser une première fois, puis une seconde avant d’accepter ce cadeau. Cependant, après avoir vidé un litre de saké et Gemmei restant Gemmei, elle ne se fit pas prier. Peut-être que ce Daimyo différent des autres lui pardonnerait son impolitesse, songea-t-elle dans un coin de sa tête d’alcoolique. La Samurai reconnut tout de suite l’héraldique tamponnée sur la céramique de la bouteille :

« Un hiya des Nakagome ! Trop bien ! » s’enthousiasma-t-elle en frottant sa joue contre.

Un entrain probablement mal venu en face d’un être suprême comparé à elle. Ce dernier s’excusait. Le rouge monta aux joues de l’enfant des Cerisiers qui aussitôt s’inclina bas.

« N-Non... » balbutia-t-elle avant de se redresser. Elle sembla chercher ses mots, son regard parcourant les jardins comme s’ils cherchaient un quelconque soutien. Sa bouteille dans une main, elle se frotta la nuque de l’autre. « Que’qu’un d’votre importance a pas à s’excuser face à une pauv’ Samurai comme m’wé... »

Sa langue avait du mal à se délier. Un peu pâteuse, inhibée et probablement déshydratée à force de boire.

« J’veux dire... » commença-t-elle. Ces foutus mots ne cessaient de se faire la malle lorsqu’ils atteignaient le bout de sa langue. Pour cette raison, elle eut l’air agacée. « Si on avait dû s’battre contre des canailles, ou si on était en guerre, j’aurai trouvé à fou, v’voyez ? Mais là… Comment dire... » Elle laissa tomber les bras le long de son corps, le dos voûté. « Le bushido c’est sacré, pour moi. » Elle agita ses mains face à elle, soudain embarrassée. Le liquide de la bouteille clapotait au rythme de sa négation. « J’veux dire, non pas que vous m’ayez manqué d’respect, hein ! » De nouveau, elle laissa tomber ses bras. « Mais, ouais, le bushido c’est sacré, alors, ça m’a vexé, j’crois. »

Gemmei resta immobile un instant ; son esprit semblait être parti, l’espace d’une seconde. Quand tout à coup, elle s’inclina très bas, trop même.

« V’llez m’excusez, Ouka-sama ! » Elle se releva en se justifiant, penaude : « J’veux dire… J’vous ai déçu. C’est nul. »

Toraï aimait cette franchise, elle avait beau ne pas être le genre de personne des plus présentable, elle était plus franche que la moitié de cette cours d'arrivistes. Même si il connaissait leur importance, il ne pouvait pas nier qu'il voyait bien le pourquoi... surtout concernant les ragots potentielles qu'il y aurait.

"Évidemment que vous devez l'accepter, c'est un cadeau et ma part et vous ne voulez pas me manquer de respect n'est ce pas ?" dit il en souriant. Il passa sa main à sa ceinture et tira une autre bouteille d'alcool dont il but une gorgée seche. Lui aussi ça faisait du bien par où ça passait. Bon, il n'avait pas la descente de la Bushi, mais il avait une étiquette à tenir, un minimum.

"Je suis d'accord avec vous Takegi-sama, le bushido est sacré, le respect de son code est une voie à suivre mais vous et moi avons déjà porté les armes pour défendre Sakura-ryo, que ce soit pour la guerre ou la protection du territoire, ce code se brise aussi simplement qu'un verre que l'on fait tombé. Le véritable bushido est celui qui est honnête avec lui même et loyal à ses croyances et l'étiquette est celle que les gens ont de vous par vos exploits et votre honneur, vous battant toujours avec honneur, courage, droiture et bienveillance pour votre clan. Vous êtes ce genre là de personne, Gemmei-Sama : une vraie samouraï et c'est pour cela que je me suis excusé. Je suis versé dans le Iaïdo mais je ne supporte pas de me battre ainsi, aucun coup ne sera jamais parfait. Seul un Kami est capable d'une telle bénédiction. Moi-même, je ne peux effectuer un coup parfait qu'avec la bénédiction de Uzume-Sama"

Il but une nouvelle gorgée de sa bouteille.

"J'espère que le malentendu ne portera pas préjudice si nous sommes amenés à nous défier, une prochaine fois"

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Il parlait un peu trop vite pour elle. Et beaucoup. Malgré elle, l’enfant des Cerisiers plissait des yeux, comme si réduire sa vue lui permettait de mieux entendre et mieux comprendre. Elle sourit. Au moins il avait de la descente. Elle haussa les épaules en penchant la tête un instant, signe d’approbation. Les mains face à elle, elle les agita pour répondre à la négative.

« Nan, naaan, pas d’préjudice. » Un hoquet. « Promis. »

Elle réalisa qu’elle avait hoqueté ; un peu trop tard. Gemmei réagit quand même en plaquant une main contre ses lèvres. Elle ricana, l’air idiot.

« J’aurais jamais pu espérer m’battre contre le Daimyo… Peu importe c’que j’ai ressenti, c’est un put… Sacré honneur. » Elle sourit. « Ouka-sama. » ajouta-t-elle pour marquer son respect.

La Sakura sembla chercher quelque chose du regard. Elle se tourna vers Torai.

« Ça vous embête si j’m'assois ? »

D’un pas lent car mesuré, Gemmei se rapprocha d’un imposant rocher sur lequel elle s’assit. Sa position n’était pas des plus élégantes, une jambe ballante tandis que l’autre était fléchie. Coude posé sur son genou relevé, la bushi rose observa un instant la bouteille qu’elle tenait dans la main. Elle ne réfléchit pas vraiment, agissant presque par automatisme, lorsqu’elle la déboucha. Elle but une gorgée aussitôt. L’exaltation ressentie fit rougir ses joues et elle s’exprima d’un ton joyeux :

« Vous m’dites des trucs gentils. M’ci. Ça m’fait vraiment plaisir. » Elle pencha la tête sur le côté, l’air ramolli. Son corps parvenait difficilement à la tenir ; ce n’était qu’une apparence. Elle se relâchait pour économiser les forces et surtout profiter. « Vous aimez vous battre mais pas vraiment parce que v’v’lez que c’soit parfait ? Parc’que vous aimez tellement le laido qu’vous aimez pas n’pas lui faire honneur ? » Plus bas, elle marmonna pour elle-même en baissant les yeux sur sa bouteille : « Ça fait b’coup d’fois le mot “aimer”... »

Il lui sourit, c'était résumé comme une barbare, mais elle voyait à peu près juste.

"La perfection d'un coup au Iaïdo... tant de monde souhaite arrivé à porter un coup parfait... au point que certains oublient qu'on peut en porter un deuxième"

Toraï la regarda s'installer sur cette pierre, comme d'habitude avec une pose sans aucune noblesse ni élégante. Elle attrapa la bouteille qu'il lui avait offert et elle en but une gorgée comme ça. Il faillit éclater de rire. "Vous buvez ça comme ça ?... " Il lui tendit la main. "Donnez m'en une gorgée tiens, que je le goutte aussi"

Il grimpa s'installer à coté d'elle observé le soleil déclinant. Sa posture ne vallait pas mieux que la sienne, jambe ballante, un bras pour se maintenir en arrière, un sourire amusé, lui rendant la bouteille de l'autre après qu'il eut bu sa gorgée. C'était vraiment une chouette boisson. Elle lui avait vraiment fait du bien, il laissa s'échapper un soupire de plaisir.

"Takegi-sama, vous permettez que je vous appel Gemmei ?"

dit il regardant le couché de soleil. Son regard s'échappait du sien. Même si le daïmio avait un manque de prestance qu'il compensait par bien d'autres arts, ses échanges avec les femmes restaient très limité. Cela faisait un moment déjà qu'il n'avait pas échangé aussi longtemps avec l'une d'elle seul à seul.

"Aimez un art est ce que Sakura a toujours su faire de mieux... le pratiquer, le faire et le faire jusqu'à plus pouvoir..." Il souriait observant toujours l'astre solaire. "Si je puis vous promettre de m'améliorer dans quelques choses, Gemmei, ça sera à devenir un meilleur Daimyo que le fut mon père." Il regarda à nouveau la boisson de la femme et tira la sienne pour en boire une gorgée à ses cotés. "Et vous ? dans quoi aimeriez vous être la meilleure ?"

Des éléments qui détonnent et un Sakura qui rayonne

« J’vois pas l’problème… Enfin… C’est le but qu’il y ait qu’un seul coup parfait, nan ? » Un hoquet, puis un sourire, tandis qu’elle levait la bouteille en signe de salut. « Bien sûr, peut y’avoir un d'xième coup, mais un duel, c’pas une guerre ! »

Sur ces bonnes paroles, la Sakura but joyeusement une autre gorgée de la bouteille offerte. Elle lâcha un « pfah ! » satisfait. Aussitôt elle balaya l’air, comme pour tenter de faire partir son haleine alcoolisée afin de ne pas incommoder son Daimyo. La bushi rose s’en retrouva honteuse et baissa la tête, l'œil rond.

« Oh, ouais, bien sûr, tenez ! »

Puisqu’il l’avait demandé, Gemmei tendit la bouteille à Torai. Elle ne put retenir un sourire qui s’étira jusqu’à ses oreilles. Pas commun, le chef des militaires Sakura ! Elle ricana bêtement en songeant qu’il s’agissait d’un baiser indirect. Peu de personnes pouvaient s’en vanter, non ? La Samurai suivit du regard Torai s’asseoir juste à côté d’elle. Il semblait détendu, lui aussi. La magie du saké, pensa-t-elle.

« B-Bien sûr m’sieur, vous m’ap’lez bien comme vous v'lez ! » répondit-elle en balbutiant, la nervosité revenant au galop.

Pour tromper sa gêne, Gemmei porta à son tour son regard sur le coucher de soleil. De nouveau l’enfant des Cerisiers sourit à pleines dents.

« J’vous crois. » répondit-elle laconiquement.

C’était un bel objectif que de vouloir dépasser son père. Gemmei observa Torai boire de l’alcool de sa propre bouteille. Son visage tout entier criait « j’en veux » avec l’expression candide d’un enfant, alors qu’elle tenait toujours son saké offert dans la main. Elle augmenta son sourire, demandant sans aucune honte :

« J’peux goûter l’vôtre ? » Puis elle répondit à la question précédemment posée, relayée au second plan comparé à l’envie de boire davantage. « J’sais pas si j’veux être la meilleure… J’veux juste qu’mes techniques soient parfaites. » Elle s’esclaffa. « Y’a du boulot ! » Puis, plus sérieuse, ses yeux vibrant sur les tons orangés du soleil déclinant, elle ajouta : « Rien m’fais plus vibrer que d’tenir mes deux armes, une dans chaque main… Et d’me montrer digne d’elles. »

Elle se tourna vers son Daimyo.

« P'quoi avoir choisi le laido, si ça vous frustre d'avoir qu'un coup ? »