Rencontre nocturne, teinté de rouge. [PV Kondo Suou]

Murasaki ne vint pas à refuser le thé, elle s'y connaissait trop peu pour savoir si elle allait aimer ou non. Elle poursuivit la marche en silence, venant à emboîter le pas quand elle se faisait convier à entrer.

La tsukumogami était sur ses gardes quand Suou fut dans son dos. Elle savait que sous cette apparence, une attaque dans son angle mort pourrait être fatale. Aussi vint-elle rapidement à s'installer, se posant sur ses fesses, ses mollets croisés devant elle, son katana sur son côté droit.

L'arrivée de la Miko ne fit pas tressaillir Murasaki, qui observait la nouvelle arrivante, elle semblait peu menaçante. Elle ne comptait pas en premier lieu reprendre Suou, pensant qu'il se moquait subtilement d'elle. Mais, la réaction de la Miko la fit parler rapidement, pour dissiper cette blague, qu'elle trouvait de très mauvais goûts.

Murasaki-san suffira et je suis juste une mercenaire, pas besoin de courbette.

Par la suite, elle ne semblait pas contente. Usurpation d'identité ? Crime pour de l'argent ? Elle trouvait le jugement hâtif, mais se taisait. Elle enregistrait l'information que le jokai et les personnes du haut-temple devaient être considéré comme des menaces sérieuses, donc des hommes à tuer sans hésiter s'ils s'en prenaient aux membres de son clan.

Elle entendit la sentence, elle saisit le fourreau d'Hiiro no Yuki, qu'elle serrait fermement, ne voulant pas montrer le ressentiment qui la prenait à la gorge. Elle répondit avec franchise, son regard se faisant plus intense et ne pouvant mentir sur ses sentiments moins bienfaisant. D'un ton qui se voulait mesuré, elle partait à l'offensive.


- Par respect envers votre Kami, je ne peux être reconnaissante, n'éprouvant pas ce sentiment et ne souhaitant pas subir son courroux en proférant des propos que je ne pense pas. Je ne sers que Saruta-Hiko, même si cela ne m'empêche pas de craindre la colère des autres Kamis. Si je ne nie pas avoir reçu l'argent ou infiltré votre territoire, aucun vivant ne m'a questionné sur mon identité, se faisant duper par le vêtement, tout comme le récit de cette femme m'a suffit amplement pour tenter de trancher la tête de ce serpent, caché derrière vos murs. Vous m'infligez une sanction bien légère, n'est-ce pas votre bonté qui a poussé cette femme à ne point vous réclamer vengeance, n'est-ce pas cette bonté qui a tenté cet être malfaisant de loger sur ses terres ?

Murasaki jugeait ce kitsune, non ... en vérité, elle avait déjà établi son verdict. Elle n'aimait pas ce genre de personne, pensant qu'être bon envers un potentiel ennemi pouvait le convertir en une âme meilleure. Murasaki digérait très mal cette légèreté dans la sanction, sentant sa fierté être bafouée.

Elle se mit à soupirer de frustration.

- Sept jours à m'occuper de Shin et les nuits dans une géole. Je garde ce katana avec moi, en échange, je n'ai le droit à aucun autre traitement de faveur. Cela rendra cette sanction plus respectable.

Le Kitsune longea son regard de sang vers la main qui serrait le katana fermement. Il savait que trop bien que la sentence donné n'était que légère face aux crimes proscrit par la jeune femme. De nouveau, il encra son regard dans le sien, l'écoutant simplement et attentivement.
Le début le satisfaisait tout autant qu'il ne lui avait pas demander de vénerer son Kami à lui, mais seulement le remercier. Quant aux restes et bien.. le Kondo se contentait de prendre un sourire pleinement vulpin. Non il ne regrettait pas son choix, mais si il s'était écouté et avait basculé de l'autre coté de la balance, là, la sentence aurait été autre chose. Cependant, Suou évitait à tout prix de montrer son lui intérieur de peur de démolir ce qu'il avait construit.

Sans forcément se rendre compte qu'il s'était lui même perdu dans ses pensées, le sourire vulpin s'était transformé en un visage purement froid et renfermé. Chose qu'il ne manquait pas de rattraper, finissant par enlever la main qui maintenait son visage.


Heureusement d'ailleurs, la Miiko arriva au bon moment. Ouvrant de nouveau le shoji, la jeune femme les saluaient de nouveau et vint poser le plateau pour aussitôt en ressortir. Suou vint à prendre avec douceur la tasse et y siroter une gorgée. Le thé au jasmin était toujours aussi bon.



Il la fixait de nouveau pendant qu'il reposait le récipient sur la table en bois.


Son sourire vulpin ornais de nouveau son visage. Oui, Suou était un Kitsune patient. Sauf quand on lui crache à la figure comme venait le faire la Tsukumogami.

Murasaki sentit le changement d'ambiance, qui fut entrecoupé par l'arrivé de la Miko. L'arme vivante se mit aussi changer son attitude, pour éviter que la demoiselle ne ressente la tension qu'elle avait. Cette sensation de froideur venant de Suou n'était clairement pas ignorée de sa part. Elle réfléchissait, venant à écouter d'une oreille.

On lui avait déjà dit dans le passé de savoir se taire. Mais pour cette yokaï, le silence pouvait être interprété de bien des façons, se taire pour acquiescer, se taire pour cacher ses véritables sentiments et se taire pour son propre bien. Murasaki n'aimait pas se taire quand elle souhaitait dire quelques choses. En cela, peut-être, n'était-elle pas assez sociabilisée auprès des autres clans.

Quand Suou vint à dire que le katana serait gardé, l'ambiance autour de la tsukumogami changea, devenant plus imposante, plus lourde, mais surtout plus hostile. Le genre d'impression qui ferait passer un yokaï affamé de chair humaine, pour une brise printanière, face au blizzard qui s'était levé. Elle avait baissé la tête, regardant le sol, cachant ses yeux de Suou

Murasaki se levait, venant à glisser Hiiro no Yuki sous la ceinture, sans déposer un regard sur le kistune, avant de daigner le faire. Le visage était froid, les pupilles si contractées qu'ils semblèrent se déformer verticalement, renforçant le côté malfaisant. Le visage avait beau paraître froid, ses yeux laissait voir un torrent de flammes, prêt à consumer l'ignorant qui avait attisé les braises.


La yokaï mit sa jambe gauche en retrait, exposant donc le katana sur son flanc droit, se mettant de profil. Elle avança sa main droite, à moitié ouvert et une grosse flamme l'embrasa, dans un son semblable à grognement élémentaire.
Le nodachi se mit à apparaître, la garde étant un peu plus éloignée de l'épaule gauche et la pointe de la lame frôlant l'endroit où se situait son pied gauche avant de se reculer.
La flamme embrasant la main armée ne semblait pas disparaître, tout comme des petites flammèches se mettaient à chanceler sur le bout de ses cheveux. Ce phénomène s'expliquait par le fait que son âme se mettait à vibrer sous un sentiment terriblement fort, ce dernier transparaissant de ces flammes qu'elle ne contrôlait pas.
Si Murasaki avait eu son fourreau originel, il était certain que Suou aurait pu avoir la réapparition d'une vision qui avait fait cauchemardé plus d'un guerrier. Une yokai nimbant dans de grandes flammes violette, avec des jambières de fer, martelant le sol d'un bruit annonciateur de terreur.
Mais le kitsune allait devoir se contenter de ses quelques petites manifestation.

La posture de l'arme et du corps de Murasaki ne permettait pas de se jeter sur le katana, sous peine qu'elle fasse un pas en arrière de sa jambe droite pour trancher en deux uns membres ou infliger une blessure pouvant être mortelle.

- Touche à Hiiro no Yuki et ton temple rejoindra le Lycoris rouge, kitsune.

Murasaki n'avait clairement pas mâché ses mots, tout comme son ton laissait dégouliner une colère profonde, si ce n'est de la haine. Suou n'était pas aidé par son clan d'appartenance et son statut, elle n'était en rien l'égale de lui et venir annoncer de prendre le katana était perçu, par elle, comme vouloir prendre en otage la personne la plus précieuse qu'elle avait.

L'arme vivante n'était plus disposée à obéir, ni accepter une punition. Elle n'avait en tête que deux possibilités. Partir sans heurt ou alors refaire la décoration du temple.  

Le moindre signe hostile, venant de Suou ou d'une personne extérieur serait le déclencheur d'une attaque de la part de Murasaki.

Seulement, son sentiment était si fort qu'elle n'avait en vérité pas prit Hiiro no Yuki, la laissant à portée de main du maître des lieux. Son esprit ayant simplement imaginé qu'elle avait saisit le katana.