Rencontre nocturne, teinté de rouge. [PV Kondo Suou]

Que faisait-elle ici ? Murasaki avait reçu une quête. Une quête qui avait été payée d'avance par une jeune femme, elle avait bien évidemment perçu le dégoût d'appeler son aide, étant vue comme impure, mais étant certainement à même de mener cette demande de vengeance. Le but de cette quête était simple, trouver une personne qui se disait appartenir au célèbre temple d'Omoikane et qui abusait de son statut pour avoir des faveurs, n'hésitant pas à blesser pour obtenir ce qu'il voulait. Murasaki avait serré des dents en entendant le témoignage de la demoiselle, aussi prenait-elle cette traque très au sérieux.



Entrer en ville n'avait pas été facile, comme se faire la plus discrète possible, ayant dû enfiler par-dessus ses vêtements, un long kimono aux couleurs des Renges.

Cela faisait à présent deux jours qu'elle était ici, ayant pu glaner des informations, moyennant ses maigres gains ou devant en échange fournir des services. La yokai n'avait cependant pas perdu au change, arrivant à avoir une description assez détaillée de la zone de chasse de sa cible. Elle s'était reposée quelques heures dans un coin reculé, restant alerte et ayant dû, plus d'une fois, dégainée de quelques centimètres Hiiro no Yuki, pour servir d'avertissement à ceux qui avaient des vues sur son katana.

La tsukumogami avait déjà fait son plan. Se mettre sur un toit en profitant de l'encre de la nuit nimbe le ciel, pour passer inaperçu. Elle n'eut pas à attendre longtemps pour voir sa proie, en train de harceler une femme, et même saisir avec rudesse sa chevelure. Murasaki descendit de son perchoir et vint à marcher, marche qui s'accéléra en course, ses getas annonçant sa venue. Elle dégaina son katana pour ensuite matérialiser sa forme d'arme. Si la cible ne vit pas son crâne fendu en deux, il perd tout de même sa main droite en voulant esquiver, poussant un cri de douleur qui perturba la quiétude de la nuit. Par les grands mouvements, l'obi qu'elle portait tombait au sol, laissant voir sous le kimono un autre plus court et un hakama, tout deux de couleur noirs. La femme qui était harcelée se mit à fuir, n'osant pas crier, certainement pour ne pas se retrouver mêlée à cette affaire ou était la peur de voir un membre coupé et giclant du sang au sol qui avait paralysé sa voix.

La yokai vint à parler avec froideur à sa cible.

- Kazerohi Naoto, pour avoir blessé nombre de personnes et abusé de votre position, vous allez mourir.

L'homme était surpris et tremblait de peur.

- Attends ! Tu fais partis des Manjushage, correct ? Si tu me tues, cela entachera ton clan, non ?

Murasaki vint à ne pas répondre, elle savait que son action était dangereuse, mais elle avait reçu une quête d'une personne en détresse, mieux valait souiller ses mains que plonger davantage son clan dans le déshonneur en détournant les yeux.

- Si tu me laisses partir, je ne dirais rien sur toi et le fait que tu sois un yokai ... d'accord.

La tsukumogami eut le visage déformé par la colère. Marchander avec elle ? Elle vint à placer son arme sur son côté droit, la lame à l'horizontale. Par cette posture, Murasaki ne cachait pas le désir de le couper en deux.

- Gamin. Tu veux marchander ta vie, alors que tu en as détruit de nombreuse ? Je ne suis pas une âme qui se fourvoie. Béni plutôt la mort rapide que je vais t'offrir.

Murasaki s'approchait pas à pas, étant prête à poursuivre sa cible s'il venait à fuir. Ce soir, il y aurait un cadavre, la yokai se l'était jurée. Elle avait observé que cet homme était visiblement droitier, vue la position de l'arme qu'il avait à la ceinture. Son manque d'action pour saisir l'objet disait, à la mercenaire, qu'il ne devait jamais avoir pris le temps de s'entraîner à la main gauche, d'autant qu'elle aurait pleinement le temps de le décapiter s'il tentait de sortir l'arme du fourreau.

La yokai était clairement concentrée sur sa proie. Elle aurait aimé l'abattre du premier coup, cela n'aurait pas laissé cet homme savoir ce qui tentait de le tuer et encore moins de s'exposer à l'arrivée de possibles patrouilles.

L'arme se crispa en entendant le sifflement. Une patrouille ? Elle allait se mettre à attaquer, quand elle se vit encerclée. Son corps se figea dans son élan. L'écart de ses perturbateurs était soigneusement calculé. Mursaki partait donc du principe qu'il devait d'un groupe de soldats bien entraîné ou autre chose, ce qui la mettait en danger dans tous les cas.

Murasaki vint à détourner les yeux quand elle entendit le terme "Tsukumogami". L'espace de quelques secondes, elle avait eut un frisson et cela perdura encore un petit temps en voyant la silhouette sortir de l'ombre.

Un Kitsune, cela ne pouvait pas tomber plus mal, pensait-elle. Même si la yokai n'avait pas affronté de telles créatures, les rumeurs faisaient les éloges de leurs capacités à user des éléments et des illusions. Autant dire que pour la mercenaire, il s'agissait là d'un adversaire très dangereux, surtout pour Hiiro no Yuki.

Elle eut un très léger mouvement quand on emmenait au loin sa cible, stoppant d'elle-même son geste, Murasaki n'était pas idiote au point d'échouer dans une tentative suicidaire, elle ne savait rien de ce kitsune et craignait qu'il emplois un élément qui ne puisse être tranché par sa lame. Elle aurait certainement une autre chance de le tuer.

Quand elle reçu la demande de ranger son arme, elle s'y employa, l'arme redevenant Hiiro no Yuki, mais changea sa posture pour que tout sort élémentaire la touche en premier et non son katana. Elle ne tarda pas à donner les explications.

- J'ai été payé pour venger les méfaits de cet homme et pour mon imposture, si j'aurais pu y entrer comme les autres clans, je me serais bien passé de cette mascarade.

Comme à son habitude, Murasaki avait un franc parlé très tranchant. Mais la yokai ne comptait pas en rester là.

- Vous allez lui réserver quoi, l'exil ? Lui couper sa virilité serait certainement une bonne méthode pour calmer cette bête en chaleur.

Murasaki n'avait aucun ton humoristique dans sa voix.

La yokai avait le regard qui se baladait là où son champ de vision pouvait aller, sans tourner la tête. Elle réfléchissait, tenant compte de l'escorte qui s'était éloigner, mais qui pouvait revenir avec un simple sifflement. Elle n'aimait pas cette sensation de ne pas avoir de plan pour fuir.

Murasaki écoutait attentivement les propos, ayant un frisson quand le regard de son interlocuteur se portait sur Hiiro no Yuki, tentant de la dissimuler de ses yeux.

Elle comprit que sa cible allait subir un lourd châtiment et elle se gardait bien de corriger Suou, sur le fait que son acheteur était une acheteuse. Murasaki aurait de toute manière caché cet élément, ayant du respect envers ceux qui quémandent son aide. Elle ne réagit pas sur le commentaire visant son implication.

Une mission se devait d'être accompli en étant prêt à sacrifier beaucoup de sa personne. Elle se mit à observer les gestes des mains et les actions que cela produisit, se disant qu'il devait s'agir d'un code entre eux. Murasaki avait déjà été chanceuse d'apprendre à lire et écrire, sa chance n'avait pas été poussée au point d'apprendre d'autres langages.

Elle fut attentive à la présentation de ce kistune. Le nom de famille ne disait rien. La tsukumogami supposait donc qu'il avait eu ce poste assez récemment ou qu'il devait s'agir d'une famille assez discrète en terme de rumeur. Murasaki n'eut pas une once de peur devant la menace de ce qui pourrait se passer si elle fuyait, au contraire un petit sourire naquit sur ses lèvres. Ce sourire disparu quand elle devait répondre.

- Je n'ai guère le choix. Vous pouvez m'appeler Murasaki.

La nodachi vivante savait qu'elle pourrait certainement les distancer en les affrontant un par un, mais le risque d'exposer Hiiro no Yuki était bien trop grand. D'ailleurs en suivant Suou, elle se mit sur sa droite et gardait un oeil sur l'escorte, étant prête à utiliser sa forme d'arme pour menacer la moindre main baladeuse sur son katana.

Mirurasaki se demandait ce que le yokai désirait s'entretenir. S'il comptait chercher à en savoir plus sur son acheteuse, il risquait de se heurter à un puissant mur.

Murasaki se mit à observer le geste, ainsi que ses effets. Elle remarquait que l'escorte prenait davantage de distance, ce qui limitait grandement la possibilité que l'une des personnes ne touche Hiiro no Yuki. Cependant, elle restait tout de même sur ses gardes. Quand Suou vint à faire un commentaire sur le fait qu'elle ne serait pas touchée, elle répondit d'un ton sec.

- Cela ne me dérange pas que l'on me touche, ce n'est qu'une manifestation qui s'est adaptée à mon ancien maître. Par contre, il en est tout autre pour ceux qui veulent toucher mon katana.

Elle observait par la suite les chevaux. Ils semblaient vigoureux et clairement bien traités. Murasaki n'avait pas autant l'oeil que pour une arme, mais son expérience la rendait assez sensible à ce genre de chose. S'ensuivit une demande sur la suite du parcours. Cela blessait un peu sa fierté de combattante de devoir admettre ses maigres connaissances dans la chevauche.

- Je ne sais pas monter, même si je peux admettre l'utilité d'une monture, que cela soit pour les longs trajets ou simplement porter des charges. Il m'est donc préférable de marcher, pour éviter un bien piètre spectacle. Cependant, je suis assez confiante dans mes capacités pour pouvoir suivre le trot.

Murasaki n'avait pas assez confiance pour pouvoir suivre un tel animal au galop, ayant un minimum connaissance des limites qu'imposait son apparence actuelle.

La yokai savait qu'une personne montant un cheval était la meilleure des configurations, pour manier sa forme d'arme. Cependant, elle ne savait pas si elle aurait assez d'autorité pour se faire obéir par l'animal et surtout si l'animal n'allait pas simplement devenir hors de contrôle si elle tenait les rênes. Tant de questions qu'elle se posait, mais dont elle ne cherchait pas les réponses, n'ayant guère besoin d'une monture et encore moins le temps pour s'en occuper, la nourrir et prodiguer des soins.

Murasaki observait ce kistune mettre pied à terre, elle sentait que ce n'était certainement pas pour marcher avec elle. Son intuition fut bonne, entendant la proposition d'apprendre.

Si le ridicule ne tuait, il restait tout de même fort blessant, surtout pour une tsukumogami qui estimait avoir tout de même une part de l'image de son clan. Elle savait qu'à pied, il serait difficile de semer des poursuivants à cheval ou se rendre rapidement sur un lieu pour aider des personnes. Murasaki comprenait que tout animal, comme toute créature ayant un esprit, pouvait se montrer fidèle envers ceux qui savaient s'y prendre. Elle-même n'était-elle pas le produit d'années de bonne attention après tout ?

L'arme vivant se mit à voir la main tendue, venant donc à accepter.


Délicatement, elle imitait comment Suou était monté sur l'animal, y allant cependant avec plus de douceur, pour ne pas brusquer la bête.

Elle ne pouvait cacher un léger frisson. Ce n'étaient pas tous les jours que ses deux pieds n'avaient plus contact avec le sol et pourtant de bon appui.

La nodachi avait une bonne posture, le dos droit, les jambes collant doucement les flancs du cheval sans appuyer. Elle cherchait à avoir un minimum de contact avec la monture, pour la sentir, essayer d'anticiper des réactions de rejet, car elle était une étrangère et elle n'aurait pas été choquée que le cheval tente de la chasser de son dos.

Murasaki était terriblement concentrée, ce qui montrait bien que cette nouvelle expérience ne la mettait pas en confiance. Son regard se posait sur la nuque de l'animal, son ouïe essayait d'écouter tous les bruits que le cheval émettait.

Elle essayait d'intégrer l'animal comme une extension de son corps, comme elle le ferait dans le maniement d'une arme.