On veut le bien, même dans le mal. (PV Katsuyuki)

Tu craignais de le perdre. Pourtant, Izaya, ta position t’assurait d’obtenir presque tout ce que tu pouvais vouloir, mais pas ce qui te rendait si craintif. Tu pouvais garder leur jeune homme de force à tes côtés. Tu pouvais même lui imposer de te suivre partout pour ne plus jamais en être séparé, mais ta volonté était bien différentes. Tu voulais qu’il reste par volonté ou par sentiments. Tu voulais savoir qu’il n’aurait pas peur de l’autre face de ta propre personne. Tu craignais de le décevoir, tout simple.

Aussi, lorsqu’il vint te répondre, parlant des deux visages qu’il portait lui-même, tu compris que tu avais été saisi. Il était rare que tes mots, à demi-voilés, soient aussi rapidement pris en compte mais l’archer était parvenu à te décrypter. Cela fit monter une vague de bonheur et de sentiments mêlés en toi. Soudainement, alors qu’il expliquait la différence entre ses deux titres : sa part humaine et son rang de combattant des ombres, tu eus envie de l’attirer dans tes bras.

Tout ce que tu pus faire c’est amener ce font contre le sien. Tu essayas de te convaincre que ce simple touché te suffirait, mais il se mit à faire monter en toi une véritable frustration. Tu voulais plus qu’un front contre le sien, plus que des yeux dans les siens. Tu pris le risque de prononcer son prénom, de le faire tiens de cette manière et si tu pensais à bouger les bras, pour essayer de l’enlacer, un bruit dans le couloir remit le ninja en mouvement.

Sourire. Hocher la tête. Remercier. Congédier. Subir le regard des gardes dans le couloir, surpris de cette demande tardive. Les sentir sonder la pièce derrière toi. Craindre qu’il ne soit vu. Enfin tu refermas la porte de tes appartements en soupirant. Chaque instant que tu venais de passer pour réceptionner la commande de fruits frais t’avaient semblé être une pique brulante que l’on s’amusait à enfoncer en toi. Et quand tu te reculas, déposant la corbeille de fruits près du thé, sur une petite table, tu ne pus que te retourner vers lui pour le voir sortir de l’ombre.

« Katsuyuki… »

Son prénom trônait désormais comme un haiku chantant à ton oreille, en un seul mot. Tu l’avais prononcé pour attirer son regard au tien. Et aussi vite l’eus-tu réceptionner qu’il te sembla voir ce que tu voulais y voir. Comment avais-tu pu parcourir un tel chemin sur la voie pavée de tes sentiments enfouis en si peu de temps ? N’ayant pas de réponse à cette question, tu fus sur lui en quelques pas. Et s’il semblait vouloir se retenir et se comporter selon son rang, tu décidas que tu ne voulais plus porter le tien, au moins pour cette soirée bien avancée.

« Regarde moi. »

Ce n’était pas un ordre, plus une demande qui frisait les bords de la supplique. Et quand tu pus enfin capter son regard, tu compris que tu ne lutteras pas contre ce qui se jouait en toi. Après tout, Izaya, tu avais fait une croix sur ta vie sentimentale depuis la fin précipitée de ton épouse. Tu avais cru ne plus jamais rien ressentir pour personne et ce soir l’archer te faisait découvrir combien tu t’étais trompé.

Bougeant la main, tu finis par déposer ton index sous son menton, le poussant à relever un peu encore la tête vers toi, et l’empêchant de se soustraire à l’or liquide de tes iris. Un sourire doux, fin, heureux certainement, tu te penchas sur lui. Tu n’étais plus qu’à un ou deux centimètres de sa bouche lorsque tu lui soufflas :

« Aime-moi. Et tu viens effleurer ses lèvres des tiennes, comme un baiser éphémère, respectueux et tentation mêlés »

Quelle mélodie étrange que vint t’apporter ton prénom. La sonorité était différente. Plus mélodieuse, comme le chant d’un oiseau. Plus… attirante, comme la voix d’une sirène. Tu en fus presque surpris. Ton cœur, lui, s’affola. Il évita même un battement lorsqu’il entendit les nouvelles paroles, devenu charmeuses. Tu étais intrigué, cherchant à t’assurer que le seigneur était encore bel et bien devant et qu’il ne s’agissait pas d’un imposteur. Tenté par l’envie, ton regard osa se lever pour se plonger dans les iris seigneuriaux. Et quelle vision. Les rayons du soleil de midi avaient laissé place à une envie crépusculaire. La chaleur s’était transformée en passion et alors, ton corps palpita. Chaque palpitation de ton cœur était un coup de taiko résonnant dans tes oreilles et le reste de ta personne. Il était évident que tu venais d’être envouté, aimant encore plus l’être qui se tenait devant toi. Tu désirais ne pas succomber mais l’invitation qu’il te fit était bien trop propice à tes envies.

Puis vinrent ces mots. Ceux, que tu n’osais nullement croire. Ceux, que tu n’osais imaginer en cette soirée. Ceux, qui stoppèrent le temps et vinrent conclure le combat intérieur qui se déroulait entre toi et cet animal. Le résultat de cet affrontement ? N’était-il pas évident…

Ton souffle s’arrêta pour s’imprégner de son homologue. Ton regard, étourdi, prit des allures de topazes animales que tu partageas avec ton amant, lui insufflant ton envie et ton ardeur. Ton corps, animé par un instinct, se colla davantage à la silhouette seigneuriale tandis que ta main vint encercler sa taille. Tu aurais voulu dévorer ses lèvres si alléchantes mais tu préféras t’amuser, comme le ferait un prédateur avec sa proie. Tu cherchas alors à glisser ta main sur les doigts qui tenaient ton menton. Tu les enlaças pour finalement les amena à tes lèvres, afin d’y déposer tes lèvres. Tes pupilles, elles, s’évertuaient à provoquer Izaya. Ton toi intérieur s’en amusait tandis que ta raison s’exclama d’incompréhension.

Tu ne comprenais pas ton propre corps, ni ton esprit. Tous deux découvraient ces sensations nouvelles et se laissaient enivrer. Tu avais beau te débattre pour arrêter ces gestes qui te semblaient impensables, savoir que le seigneur pouvait partager les mêmes sentiments te forçaient à garder ton comportement animal. Tu en voulais plus. Tu voulais en donner plus à Izaya. Pourtant, il restait une chaîne qui t’entravait. La plus importante : celle qui maintenait ton esprit encore éveillé et qui te permettait de réfléchir convenablement, empêchant tout acte que tu ne souhaitais pas.

Ce n’est pas pour autant que tu te restreignais. Ton sourire amusé sur tes lèvres en était la preuve ainsi que tes paroles, au ton bas et sensuel, que tu vins glisser à travers les doigts devenus tes jouets.

« Autant que je le pourais… Izaya-sama.»