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Sangaigusa Isao
Renge
Sangaigusa Isao
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Dim 28 Fév - 14:49
  
L’HONNEUR ET LA VANITÉ À LA FONTE DES NEIGES
♫ Tea Ceremony ♪


Cling. Malgré le bruit assourdissant de l’eau se jetant sur la roche par-delà son cour, les pas de quatre akusō, moines guerriers du Jokai, tambourinaient la terre. Cling. Ils remontèrent la butte parsemée de hêtres bleus encore roussis par l’hiver. Cling. Ils pouvaient déjà apercevoir le Grand-temple de Omoikane, par-delà le chemin bordé de statues Jizo.

Cling.
Les bijoux attachés aux cordes et voiles de l’Élu annoncèrent sa triste arrivée.

Le visage de Isao était aussi fermé qu’à l’accoutumée. Ses yeux vifs, aussi froids que l’acier, se baladaient sur les quelques visages paniqués qui déjà se hâtaient d’avertir l’arrivée du Jokai. Il n’était pas attendu aussi vite, comme d’habitude. À dire vrai, Watanabe Shiori avait sûrement été prévenue de son arrivée par le biais d’une estafette qui, d’après ses calculs, avait dû arriver… Quelques heures de cela, à peine. Les lèvres du jeune homme s’étirèrent d’un sourire carnassier. Parfait. L’Humain révélait sa vraie nature lorsqu’il était pris de court. De toute façon, le jeune homme considérait le problème comme urgent ; c’est ce qu’il avait signifié dans sa missive.
Au pied du sannō torii, Isao s’inclina deux fois puis leva haut les genoux pour enjamber la poutre au sol du portail spirituel. Ensuite il se purifia avec l’eau du chōzubachi. Bien qu’il exécutât ses gestes machinalement, ses mouvements étaient également méticuleux, presque gracieux tant ils étaient précis. Le bruit de l’eau crachée par les dragons des mers en pierre apaisa un instant le Jokai. Puis, lorsque ses yeux se posèrent sur un geki*, Isao regagna l’agacement qui déformait ses traits androgynes. Le malheureux adolescent s’envola aussi vite, cachant ses oreilles comme pour se protéger de mots qui ne vinrent jamais.

L’Élu des Renge n’avait pas manqué d’expliquer les raisons de sa visite dans la lettre adressée à la Seikai Guji des lieux. Il avait appris quelques jours plus tôt qu’un groupe de religieux avait décidé de construire un temple. Non pas pour les Kami, mais pour des êtres humains. Morts au combat dans la guerre des clans trois siècles de cela. Un soupir. Les enfants du Lotus avaient-ils tant besoin de faire éloge de leurs archives au point de souhaiter honorer un historique de la plus farfelue des manières ? Le Jokai voulait s’assurer qu’aucune autorisation n’avait été donnée à ce groupe d’hérétiques. Et au passage, cela méritait une petite inspection d’éventuelles taupes ou complices. Une occasion de faire le ménage, en quelque sorte. Un sourire. Isao aimait les environnements propres.

Et ainsi, le Jokai se tint debout, entre deux komainu sculptés dans le bois, face aux portes closes du shake, le quartier d’habitation des religieux et de leurs familles. Isao perdit un instant son regard sur le toit à pignons, main droite posée sur sa hanche. Ses yeux semblaient chercher le moindre défaut, la moindre faille, quand la venue de son accueil vint à lui.

« J’ai failli attendre. » dit-il en guise de salutation. Son visage plein de dégoût, le menton relevé avec dédain, il ajouta : « Nous devons parler. Tout de suite. »
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Watanabe Shiori
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Ven 5 Mar - 11:57
  
Au midi d’une journée fraîche et ensoleillée d’un hiver en déclin, rien ne semblait pouvoir déranger la sérénité qui régnait sur le sanctuaire du Haut-Temple. La neige qui résistait encore par endroits brillait sous un doux soleil, guirlande étincelante aux branches des pruniers. Les premiers pépiements, timides retrouvailles d’une nature en éveil, s’enhardissaient après le passage discret d’une miko ou près du silence martial d’un hōshi-mucha en pleine prière. Les quelques fidèles qui ne se trouvaient pas à l’haiden en pleine dévotion de leur Kami gardien se laissaient porter par l’harmonie paisible du lieu sacré.    

Ce ne fut d’abord qu’un lointain écho qui vint troubler la tranquillité. Debout devant l’ema du sanctuaire, concentrée sur les récents vœux laissés à Omoikane, Shiori caressait du bout de ses doigts fins les plaquettes de bois porteuses de tant d’attentes et d’espoirs. Le murmure surpris de son yojimbo attira son attention. Ses yeux lilas se portèrent sur lui, curieuse, avant de se détourner vers la source de son attention. Et elle le vit enfin, alors que ses jambes tremblantes ne le portaient plus que par miracle sur la dernière des mille quinze marches. Le souffle coupé, l’estafette remontait le sandō aussi rapidement que lui le permettait son corps éreinté.

“ Wa-Watanabe-sama, u-un message pour vous. J-Jokai. Le J-Jokai arrive ! ”

D’un geste de la main, elle lui intima de s’éloigner pour prendre du repos et posa sur le papier de soie roulé, un regard qu’elle voulait assuré. Quelle mouche avait piqué Sangaigusa Isao, le dédaigneux Jokai Renge pour qu’elle reçoive sa visite, dans une urgence ne lui disait rien qui vaille. Elle déroula soigneusement le message dont le contenu se dévoila sous ses yeux soucieux. Elle échappa un soupir d’ennui en parcourant les quelques mots, incisifs. Le problème dont faisait mention la missive ne lui était parvenu que le matin-même et déjà, l’émissaire d’Omoikane s’en était saisi. Il n’y avait pas un instant à perdre.

Les ordres distribués furent à l’image de la Seikai Guji. D’une douceur bienveillante enrobée d’une sévérité qu’il ne faisait pas bon remettre en question, surtout dans un moment pareil. Nulle précipitation dans son organisation mais un désir de perfection pour l’incarnation du Kami dont elle se voulait la plus humble servante. Si le messager était arrivé dans un aussi piteux état d’empressement, il y avait fort à parier que le Jokai le talonnait de près. Elle se hâta de rejoindre le samusho, le bureau du Haut-Temple où elle réglait l’administratif courant. Lorgnant sur sa tenue quotidienne de prêtresse, elle soupira. Elle n’avait pas le temps d’enfiler un kimono plus élégant. De toute façon, Isao ne venait sûrement pas ici pour inspecter sa garde-robe. Elle se contenta de réajuster son hakama noir, ressera son obi aux broderies discrètes de fleurs de lotus et lissa les manches de son habit mauve. Les tintements des perles ornant la broche à ses cheveux l’accompagnèrent dans son rapide tour des tâches.

Cling. Juste à temps. Derrière les portes closes du shake qu’elle traversait, le son annonciateur de l’élu du Kami résonna. Les battants s’ouvrirent à peine qu’elle s’inclinait déjà en silence, imitée par sa suite. L’acier glacial des yeux qu’elle croisa en se relevant lui soutira un frisson. D’un sourire placide, elle encaissa les paroles pleines de mépris du Jokai et se contenta de lui indiquer le chemin du samusho. Le trajet de quelques mètres lui parut interminable.

“ Sangaigusa-sama, j’aurai préféré une visite de courtoisie sous de meilleures raisons que celle qui vous amène aujourd’hui. ”

Son visage s’était composé le masque d’impassibilité habituel, mais son coeur n’abandonnait pas la course rapide que cette convocation avait provoqué. Sa seule source de sérénité résidait dans son comportement qu’elle savait impeccable et dans la détermination qu’elle mettait à oeuvrer pour son poste. Mais un être comme Sangaigusa Isao avait tôt fait de mettre mal à l’aise la plus innocente des âmes sortant tout droit d’une purification.

“ Discutons autour d’un thé si cela vous convient ? ”

Elle fit le tour d’une table en bois massif qui servait d’office et déposa elle-même un plateau portant tasses et théière fumante qu’une miko venait de lui apporter. La Seikai Guji lui avait rapidement ordonné de partir. Il valait mieux qu’elle soit seule avec un tel homme.
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Dim 7 Mar - 16:22
  
L’HONNEUR ET LA VANITÉ À LA FONTE DES NEIGES


La présence du Jokai face aux portes du shake-machi*, debout et les bras croisés, signifiait qu’il ne comptait pas discuter dans ses quartiers. Ses yeux aussi tranchants qu’un katana lorgnèrent sur la Seikai Guji qui s’inclinait déjà dans un silence pesant. Isao sourit. Il suivit du regard la direction dans laquelle Shiori l’invitait à le suivre. L’Élu s’y exécuta après avoir fait signe de la main à ses akusō. Ces derniers partirent aussitôt. Le jeune homme ne dit rien, presque docile, si ce n’était pour un soupir agacé soufflé sans raison. Son attitude ne nourrissait aucun but ni humeur, si ce n’était ajouter un peu de pression sur la malheureuse à ses côtés. Il ne l’avait pas vu depuis quelques semaines, après tout : il fallait s’assurer que son absence ne l’avait pas faite se relâcher.

Il ne prononçait toujours rien de cinglant alors que le duo quittait l’enceinte du shanai, l’intérieur du sanctuaire réservé aux religieux. Il savait ce silence accablant pour ses interlocuteurs ; peut-être vivait-elle dans l’attente d’un premier reproche ? Cette pensée augmenta le sourire du démon au visage d’ange. Quand soudain, il reprit la parole ; sa réplique tomba comme un couperet.

« Une visite de courtoisie ? » Il fronça les sourcils. « Je n’ai pas l’intention d’être courtois avec vous et encore moins dans mon propre temple. »

Un autre soupir tandis qu’il croisait de nouveau les bras. Isao était visiblement contrarié et ne cherchait pas à le cacher. Tenant son coude il suspendit une main en l’air, dans un geste très maniéré et clairement irrité.

« C’est bien ce que je pensais : il suffit que je m’absente à visiter mes autres subordonnés pour qu’un poil vous pousse dans la main. » Puis il emboîta le pas, profitant de dépasser la femme pour lui lancer un regard méprisant. « Mettez-vous au travail. »

Ce qu’elle faisait déjà rien qu’en étant ici, bien évidemment ; Isao ne pouvait cependant pas résister de la remettre à sa place d’une quelconque manière. Il se déchaussa puis retira son sugegasa. Ensuite il pénétra dans une pièce ; des miko s’étaient hâtées d’en ouvrir les portes coulissantes, non sans trembler un peu. L’Élu ne leur porta aucune attention et poursuivit sa marche sur les tatamis pour finalement faire volte-face d’un seul coup. Il ne tarda pas à répondre à Shiori ; du même temps il lui offrit un large sourire. Si agréable que cela en venait inquiétant : même ses yeux semblaient enjoués.

« Du thé ? Mais bien sûr ! » Se renfrognant, le bleu de ses iris devint glacial. « Vous voulez des gâteaux aussi, pendant que nous y sommes ? »

Les assistantes religieuses, encore postées vers les shōji, se regardèrent sans savoir quoi faire. Une main sur sa hanche, l’autre balayant l’air, le Jokai reprit :

« Mais soit, je viens à peine de rentrer et je suis las de jours de marche et de cavale : un thé me fera le plus grand bien. »

La théière était déjà prête ; une des miko retint un sourire soulagé alors qu’elle déguerpissait, laissant la suite à sa supérieure. Le capricieux se laissa ensuite tomber sur un coussin en soufflant son impatience. Tout en déposant son chapeau à côté de lui, en finissant définitivement avec les cliquetis, il éleva la voix :

« Puis-je vous demander pour quelle raison vous considérez que la problématique dont je souhaite discuter ne soit pas une raison suffisante pour notre entrevue ? »

Il posa un coude sur la table, ne s’encombrant pas de la moindre politesse, puis cala son visage dans la paume de sa main. Bien qu’il paraissait revenu au calme maintenant qu’ils étaient seuls, son ton curieusement moins incisif qu’auparavant, son regard ne manquait pas de dédain tandis qu’il ajoutait :

« Vous êtes d’accord avec leur requête, peut-être ? »

Son expression ne laissait nulle place à la sympathie. Quand bien même Isao faisait de son mieux pour contenir toute la colère qu’il ressentait vis à vis de ces hommes qu’il considérait hérétiques, on ne pouvait sentir que la menace émaner de son aura. Il aurait aimé jouer un fin jeu pour démasquer Shiori si elle était de ceux-ci ; cela s’avérait clairement impossible. Aussi songeait-il déjà à son prochain mouvement, dans le cas où son comportement serait suspect. Cela passait, en outre, pas la manière dont le Jokai dévisageait sa Seikai Guji avec insistance.



* Shake-machi : petit quartier de maisons et jardins traditionnels de prêtres au sein d’un temple
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Watanabe Shiori
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Mer 10 Mar - 23:09
  
Si tel était son état de lassitude après de nombreux jours de cavale, Shiori s’estimait chanceuse de ne pas croiser le Jokai dans l’un de ses meilleurs moments. Le jeune Élu n’avait de cesse, depuis les quelques minutes écoulées qui précédaient son arrivée, de déverser un venin quoique habituel mais déjà épuisant. Elle avait l’heureux - ou malheureux selon les humeurs d’Isao - honneur  d’être en charge du Haut-Temple, l’antre même du Kami tutélaire des Renge et de son représentant humain. Mais de cela il ne semblait posséder que l’enveloppe charnelle tant ses mots s’apparentaient à une armée d’Oni en quête de destruction. Et tout l’amour que la prêtresse portait à sa divine tâche et à tout être présent en ses murs ne parvenait pas à briser un masque de dédain solidement ancré.

D’un geste assuré, la Seikai Guji souleva la théière fumante pour remplir les deux tasses de céramique ouvragées. Elle ignora volontairement la position familière de son hôte, se gardant de répondre au quart de tour autant que de renverser la boisson brûlante par distraction. Ses lèvres roses se serrèrent de nervosité et elle reposa le contenant bouillant tout en réprimant un tremblement. La colère ne l’atteignait que très rarement, mais la contrariété d’être traitée comme une bonne à rien et une personne indigne de confiance ne la laissaient pas de marbre. Elle savait que ses preuves étaient faites depuis longtemps déjà. Tout comme le Jokai. Elle n’était que le jouet de son aigreur.

“ C’est une raison suffisante. ” Elle repoussa le plateau sur la table et en fit le tour pour s’asseoir face à son interlocuteur. “ La nouvelle m’est parvenue ce matin seulement. Je suis surprise que vous soyez déjà au courant alors que vous étiez sur la route. J’aurai préféré pouvoir prendre les devants et vous en informer moi-même, avec d’avantages d’informations.”

Elle se tut, laissant s’éteindre sa voix basse aux notes éraillées. Elle ne pouvait pas laisser Sangaigusa Isao douter d’elle, pas même une seule seconde. Il s’amusait peut-être à la mettre mal à l’aise, la jaugeait pour espérer trouver une faille. Elle en avait beaucoup, personnellement. Mais aucune qui ne viennent entacher l’impeccabilité de son travail. Ni remettre en cause sa piété.

Dans un geste plein d’assurance, elle croisa les mains et les posa devant elle, sur la table de travail. Imperceptiblement, elle se pencha en avant, affrontant le visage méprisant de son interlocuteur. Elle plongea son regard lilas dans le sien, l’enroba d’une douceur non-feinte au milieu d’un visage tiré par la douleur quotidienne et par la sévérité naturelle.

“ Vous connaissez très bien la réponse à votre propre question, Sangaigusa-sama. Ne faites pas exprès de perdre du temps en me posant ce genre d’interrogation stupide. ”

Elle ne fit aucun effort pour retenir un soupir d’agacement. Relâchant sa position frondeuse, elle se laissa tomber contre le dossier de sa chaise et ramena ses mains croisées sur ses genoux. Ses yeux tombèrent sur une petite boîte laquée et finement décorée. Un éclair mutin perturba l’impassibilité de ses traits alors qu’elle ouvrait le contenant révélant des biscuits, qu’elle offrit à Isao.

“ Des gâteaux. J’étais certaine que vous en réclameriez. ”

Elle s’en saisit d’un qu’elle coupa en deux d’un geste distrait. Son visage s’était fait de nouveau austère alors qu’elle retournait les informations reçues le matin-même et qui marquaient la venue du Jokai. Si ce qu’ils avaient appris se révélait vrai, un temple impie se construisait actuellement dans la région de Chishiki. L’information lui était directement venue d’un Chokkai oeuvrant près de Ryōsen no Hyōga.

“ Mon informateur se repose au shake-machi actuellement. Je vais l’envoyer chercher et nous pourrons confronter nos informations. N’est-ce pas ? ”

Elle se levait déjà, les traits figés par la réflexion mais le regard animé d’un fervent désir de compréhension et d’une curiosité naturelle.
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Dim 14 Mar - 21:17
  
L’HONNEUR ET LA VANITÉ À LA FONTE DES NEIGES


Bien qu’il n’en avait jamais rien dit, Isao appréciait l’attitude de Shiori à son égard. Flegmatique en toutes circonstances, avec une pointe de piquant par moment. Le Jokai préférait de loin ces personnalités là aux lèche-bottes qui se lançaient sous ses pieds pour se faire piétiner. Aussi afficha-t-il un sourire satisfait, même s’il ne dura que deux secondes à peine. La lame tranchante de ses mots n’avait pas tardé à glisser sur la conversation. Les yeux acérés du jeune homme suivirent la Seikai Guji faire le tour de la table. Il fronçait les sourcils au fur et à mesure qu’il l’entendait parler. Ses lèvres s’étirèrent néanmoins, la fierté emparant ses traits.

« Êtes-vous véritablement étonnée que je sois mieux informé que vous, ou est-ce une politesse ? » Il roula des yeux. « Tch. » Puis, tapotant le bois de ses doigts fins, il poursuivit : « Je suis néanmoins étonné que vous n’en avez pas eu connaissance avant. Soit la nouvelle a effectivement été longue à vous parvenir, faute de gens compétents sous votre commande… Soit elle a volontairement été obstruée en chemin. »

Les yeux rivés sur son thé, Isao semblait attendre patiemment quelque chose. Il comptait dans sa tête, à dire vrai. Il n’offrit aucun regard à son interlocutrice, concentré sur sa tâche.

« Au moins, si je peux vous croire, alors vous n’êtes pas faite du même bois hérétique qu’eux. »

Enfin, il saisit la tasse d’une main et la soutint de l’autre en levant son regard sur Shiori. Le soupir qu’elle avait soufflé le fit sourire intérieurement. Il gardait néanmoins un air impassible, si ce n’était ses iris glaciaux qui en disaient bien long sur son humeur. L’Élu baissa les yeux sur la boîte ouverte, puis les releva sur son interlocutrice. S’il avait pu la foudroyer en lorgnant ainsi sur elle, sûrement l’aurait-il fait.

« Prenez garde à vos sous-entendus. Watanabe-san. » dit-il simplement, n’hésitant pas une seconde à la menacer pour combler son manque de répartie.

Malgré son discours précédent, Isao attrapa un biscuit, sans détourner son regard des pupilles de la Seikai Guji. Il mordit dedans en faisant volontairement du bruit, jouant sur la perception que la femme avait de lui. Un enfant ? Très bien. Il avait bien des moyens d’être insupportable et en effet, agir ainsi était souvent efficace. Il ricana tout seul en déchirant une seconde fois son gâteau, tout en exagérant son geste afin que le craquement soit plus audible encore. « Mmmh. » marmonna-t-il pour répondre à l’affirmative. Baissant les yeux, le Jokai réalisa que sa dégustation avait créé de nombreuses miettes. Son visage se contracta, mécontent.

« Il nous faut en effet en savoir plus. Je n’ai malheureusement eu que peu d’informations si ce n’est l’emplacement et quelques noms sollicités pour la construction. » Alors qu’il faisait un petit tas de ses mains, il plongea ses iris dans deux de Shiori. « Je veux savoir qui a initié le projet. Qui l’a validé. Qui l’a soutenu. »

Isao baissa la tête pour vérifier ce qu’il faisait. Il dégagea loin de lui le monticule de miettes avant de secouer les mains avec dégoût. Il prit bien soin de vérifier que rien ne subsistait sur ses mains, méticuleusement. Du même temps il lâcha, comme si de rien n’était, une réplique lourde de sens :

« J’ai déjà envoyé des hommes là-bas. Leurs têtes ne m’échapperont pas. »


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Mer 17 Mar - 23:00
  
Le ton menaçant du Jokaï roulait encore sur la peau frissonnante de nervosité de Shiori quand ses doigts accrochèrent le montant du shōji. Immobile, elle se tourna brièvement vers lui, s’assurant que ce faible degré d’insolence n’ait pas mis à mal leur discussion. La prêtresse avait l’esprit assez fin pour jongler habilement entre le dédain et la glaciale attitude de son hôte. Elle comptait tout autant sur leurs fréquentes rencontres au sein même du Haut-Temple pour s’épargner un caractère autrement plus virulent. Pour un peu, le privilège de la situation la ferait sourire. Encore ne fallait-il pas dépasser les bornes. Aussi se rassénéra-t-elle lorsque ses yeux tombèrent sur l’extravagante dégustation de biscuit. A défaut d’être de nouveau méprisant, au moins était-il seulement insupportable.

Clac. Un ordre soufflé rapidement et la porte de washi se referma dans un claquement. Ponctuation sèche à l’image des mots tranchants de l’Elu. Son regard incisif happa celui de la Seikai Guji, annihilant toute douceur possible. Elle retint un frisson. Il était redoutable. Chanceuse était-elle de se trouver de son côté. Elle reprit le cours de leur réflexion.  

“ Cela ne peut être le fait d’une seule personne. L’envergure d’un tel projet demande trop d’organisation. ”

Dans un froissement de tissu, Shiori regagna la table d’office mais s’arrêta avant de retrouver sa place. Le visage fermé, elle se retourna pour faire face à Isao. Ses sourcils fins froncés, creusant une première ride entre eux, elle croisa les bras. Ses longs doigts se mirent à pianoter sur son coude.

“ Sauf votre respect Sangaigusa-sama, je n’exclus pas l’idée de l’incompétence de mes gens. ” Elle s’interrompit, hésitant sur le choix de ses mots. Elle avait brûlé son joker d’insolence quelques minutes plus tôt. Elle craignait une nouvelle vague de colère si son expression laissait à désirer. Elle souffla, avec toute la confiance qu’elle avait en son jugement : “ Mais mes gens sont ceux du Haut-Temple, et je crains qu’un profond nettoyage ne s’impose s’il s’avère, effectivement, qu’en plus de l’incompétence, on y trouve également de la traitrise. ”

Ses yeux brillaient d’une véritable lueur d’inquiétude et d’agacement. Il lui était impossible d’envisager, comme le Jokaï le sous-entendait, que l’information ait pu être volontairement, ou non, bloquée avant d’arriver jusqu’à elle. Au-delà du retard qui la pénalisait dans le traitement efficace du problème et aux yeux d’Isao, c’était avant tout une incertitude déstabilisante pour leur sécurité. Un doigt distrait vint tapoter sa lèvre inférieure, alors que plongée dans ses pensées, elle s’appuya contre la tranche du bureau.

“ Finalement, c’est une bonne chose que nous puissions nous entretenir de ce sujet aussi rapidement. Je suis rassurée. ” Elle octroya un bref sourire contrit à l’Elu Renge. Les nuances bleutées de ses iris s'assombrirent visiblement. Des coups à la porte venaient de résonner.

“ Entrez. ” Ordonna t-elle simplement, sa voix profonde retrouvant en un instant l’impérieux de son rang, enveloppée d’une sévère douceur.

Le shōji s’ouvrit dans un glissement calfeutré pour dévoiler deux silhouettes semblablement inclinées. La première, une jeune miko, se redressa et se hâta de faire demi-tour sous le regard autoritaire de la prêtresse. La seconde, un Chokkai ventripotent et au crâne dégarni, ne tarda pas à se jeter aux pieds d’Isao, dans un gémissement de désolation.
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L’HONNEUR ET LA VANITÉ À LA FONTE DES NEIGES


L’Élu d’Omoikane leva à peine son regard sur sa subordonnée lorsqu’elle fit chercher l’informateur qu’elle avait mentionné plus tôt. Le shōji s’était ouvert puis refermé avec une hâte satisfaisante pour Isao : il n’appréciait pas attendre. Où plutôt, il aimait le faire croire. Terminant de retirer la moindre miette sur sa peau délicate, il marmonna :

« Bien évidemment. » Puis il soupira en posant ses paumes derrière lui, à plat sur le tatami, pour s’affaler en arrière. « Votre cervelle de moineau attèle les charrettes plus vite que je ne l’aurais cru. »

Son air sévère et dédaigneux, comme ses répliques acérées, laissaient supposer qu’il considérait Shiori stupide. C’était un mensonge : le Jokai avait pleinement conscience des véritables compétences de la Watanabe. Plus encore, il les estimait tout autant que sa personnalité. Elle était suffisamment vorace pour élever la voix face à lui, mais pas assez idiote pour ne pas s’écraser sous son autorité. En outre, la Seikai Guji était du bois que préférait Isao plus que tout autre. Cela n’empêchait malheureusement pas le capricieux de rabaisser la femme à la moindre occasion. Pour l’endurcir songea-t-il avec un sourire fielleux, qui dut paraître mystérieux à son interlocutrice car sortit de nulle part, ses yeux glacés plantés dans les siens.
Il la laissa réfléchir, parler, hésiter et s’exprimer encore. L’allégresse de ses traits disparut pour plus de sérieux, l’Élu accompagnant la prêtresse dans ses réflexions. Quand finalement, un sourire carnassier s’étira sur son visage : Isao ne pouvait cacher sa joie en constatant que Shiori et lui-même se trouvaient sur la même longueur d’onde.

« Vous me plaisez, Watanabe-san. » Il se redressa ; le froissement de ses vêtements marqua une pause dans son discours. « Ne croyez pas que cela vous donnera un quelconque traitement de faveur. »

Ensuite il posa son coude sur la table, volontairement impoli et nicha sa tête dans le creux de sa main. Il semblait distrait, accablé de diverses élucubrations. Il tournait son peu d’indices sous tous les angles, repassait en boucle les répliques de son interlocutrice pour l’analyser. Le jeune homme restait méfiant car tout allié pouvait devenir un redoutable ennemi, surtout avec une attitude comme la sienne. Il n’était pas assez aveugle, malgré toute sa mégalomanie, pour ne pas appréhender la situation dans laquelle il s’enterrait volontairement.

L’ouverture des portes en papier de riz le tirèrent de sa rêverie. La miko qui avait guidé jusqu’ici son supérieur s’éclipsa bien vite, refermant le shōji avec plus de douceur qu’il n’avait été coulissé. Lentement, très lentement, le bois glissa, du même temps que le Chokkai se jetait aux pieds de son Jokai. Le claquement feutré marqua sa ruine. Il était désormais seul avec un lion et une tigresse, pauvre brebis qu’il était.
Aussitôt que les yeux effroyablement féroces de l’Élu se posèrent sur le ventripotent, Isao affiche une expression rieuse. Un sourire à la fois froid et chaleureux, ceux des plus inquiétants tant il rappelait les prédateurs prêts à jouer avec leurs proies. Le Chokkai en gémit de crainte, lui qui avait osé lever le regard, baissé aussitôt qu’il aperçut le Jokai entrouvrir ses lèvres :

« Aonuma-san… »

Il y avait peu de noms que le capricieux oubliait. Quel piètre leader ferait-il, sinon ?

« …Voyons, redressez-vous. » Sa voix si douce semblait faire chuter la température de la pièce. « Pourquoi cette affliction ? Je suis certain qu’il n’y a rien à vous reprocher… N’est-ce pas ? »

Personne, dans le Haut-temple, ne pouvait être dupe lorsque le Jokai jouait cette attitude. Elle était la plus angoissante. Puisque finalement, il était coutumier de le voir râler et humilier son prochain. Aussi, ce comportement sympathique trahissait sûrement la plus élevée des colères. Elle était un calme menaçant avant une tempête impardonnable.

« Que savez-vous ? » souffla-t-il sans heurts, ses iris bleutés presque compatissants, baissés sur le malheureux.


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Watanabe Shiori
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Sam 27 Mar - 16:17
  
La Seikai Guji fut traversée d’un frisson, alors qu’une ambiance pesante tombait lourdement sur la pièce. Ce fut comme laisser un shōji ouvert par mégarde, un soir de neige. Il lui semblait sentir la température chuter et l’hiver se personnifier sous ses yeux. Le sourire du Jokai n’avait rien de solaire et son regard faisait écho aux cristaux glacials qui recouvraient encore les arbres, dehors. La voix dont il usait était empreinte d’une douceur vicieuse, enrobée d’une froideur à faire pâlir un vent du nord. Face à lui, le visage dégoulinant de peur du Chokkai n’avait rien à envier. Le pauvre homme était transi d’angoisse et osait à peine se redresser à la demande de l'Élu. Un drôle de comportement pour un simple informateur, songea Shiori en regagnant sa place.

“ Jokai-sama, j-je … je suis venu dès que po-possible pour avertir d’un plan désa-satreux !” Balbutia le prêtre en relevant les yeux par intermittence, les rabaissant sitôt qu’il croisait le regard aiguisé qui lui faisait face.

De l’autre côté de la table, Shiori l’observait en silence. Elle s’était replacée discrètement, en seiza, les mains nouées sur ses cuisses et le visage impassible. Volontairement en retrait, elle usait de sa curiosité naturelle et de son attention réfléchie pour enregistrer les moindres détails de la scène qui se déroulait sous ses yeux clairs. Seul son regard trahissait un profond agacement alors que le Chokkai reprenait la parole.

“ Il semblerait qu-qu’un temple soit en train d’être con-construit, à l’ouest de Ryōsen, à l’orée du m-massif montagneux.” Il déglutit, dans un gargouillis d’appréhension et reprit, en se redressant sur son séant. “ Un prêtre qui œuvre dans une bourgade de la vallée prêche pour que l’on rende hommage aux guerriers Renge dans un lieu qui leur dé-dédié. ”

Les paupières de Shiori s’étaient plissées, écoutant à demi les paroles du subalterne spirituel. Un détail furtif lui avait sauté aux yeux, alors qu’il s’était redressé face à Isao. Là-dessous, camouflées par la veste extérieure de son habit, elle avait aperçu des broderies d’une singulière beauté. Un luxe un peu trop ostentatoire pour un vêtement de peau, et pour un prêtre Renge de son rang. La Seikai Guji se mordit la langue pour ne pas intervenir et se contenta d’attraper la théière pour resservir les tasses vides. Mais les gémissements ridicules du prêtre usaient sa patience, et dans un geste sec, elle reposa le contenant sur la table de bois. Le claquement sourd fit sursauter l’interrogé qui posa son regard bovin sur elle.

“ Aonuma-san, vous m’avez déjà raconté tout ça en arrivant ce matin. Et vous vous doutez que si Sangaigusa-sama est là présentement, c’est qu’il en est déjà tout autant averti.” Commença-t-elle d’une voix dont la douceur ne rendait pas plus aimable la sévérité qui la caractérisait également. “ Ce que nous voulons savoir, c’est comment une telle organisation a pu voir le jour. Vous dites que la construction a déjà commencé. Nous sortons à peine de l’hiver où le temps est souvent trop rude en montagnes pour ce type de réalisation. L’idée est donc réfléchie depuis plus longtemps que ça. Mais nous ne sommes mis au courant que maintenant ? ”

Elle laissa planer un silence équivoque après une question qui n’appelait pas tellement de réponse, sinon à chercher une faille dans ce qu’il racontait. Elle ne comprenait pas comment une information aussi capitale, d’autant que le projet semblait plus avancé que prévu, avait pu leur parvenir avec autant de retard. Ryōsen no Hyōga n’était qu’à une quarantaine de kilomètres d’ici, cela représentait une journée de cheval à un rythme poussé. Mais le Chokkai ne s’était présenté à Naiseishin qu’en début de matinée. Il ne semblait pas fatigué outre mesure pour quelqu’un qui avait chevauché toute la nuit. Alors avait-il dû prendre son temps et s’arrêter en chemin pour dormir jusqu’à l’aube.

Au milieu des traits figés de la prêtresse, ses yeux lilas semblaient s’animer à mesure que ses idées passaient au crible de sa réflexion. Elle détestait le sentiment de méfiance qui l’envahissait alors qu’elle détaillait de la tête aux pieds ce pauvre prêtre apeuré. D’ailleurs, pourquoi ne répondait-il pas à ses questions ? Elle braqua son regard sur lui mais vola rapidement jusqu’aux broderies qui dépassaient à nouveau à l’arrière de son vêtement. Dans un mouvement précipité, Aonuma réajusta sa position et l’étoffe précieuse disparu. Trop tard, Shiori fronça les sourcils et tourna son visage fin vers Isao.

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Sangaigusa Isao
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Lun 29 Mar - 12:08
  
L’HONNEUR ET LA VANITÉ À LA FONTE DES NEIGES


Personne n’ignorait au Haut-temple les méthodes du Jokai du Lotus lorsqu’il souhaitait obtenir une information. De multiples âmes, dans tout le territoire mauve, eurent à subir ses pressions psychologiques. Tout en sourire. Face à l’aura intimidante que pouvait avoir ce jeune Élu, nombreuses étaient les langues se déliant en espérant abréger leur supplice. Car nul n’était dupe quant aux punitions que leur supérieur était prêt à offrir afin de montrer l’exemple.

Le Chokkai Aonuma le savait probablement mieux que quiconque.
Il ne cessait de fuir les yeux plissés de son bourreau. Isao faisait preuve d’un calme éloigné de son tempérament lunatique habituel. Il avait revêtu son rôle de leader. Jamais pourtant il ne montrait ses épaules s’affaisser sous le poids de ses responsabilités et de ses décisions. La fierté portait ses gestes. Et il attendait. Son sourire s’effaça un bref instant lorsqu’il souffla :

« Quel spectacle pathétique… »

Puis il moulina de sa main gauche pour signifier au pleurnicheur de poursuivre. Isao commença de laisser pianoter ses doigts pour exprimer son impatience. Cela n'était pas involontaire, bien au contraire : il accentuait la tension malgré un sourire espiègle sur ses traits juvéniles. Plus les secondes passaient et plus cet air sympathique ressemblait au sadisme d’un enfant contemplant une mouche à laquelle il aurait arraché une aile.
Le silence retomba, troublé par le thé déversé dans les tasses. Remarquant que sa Seikai Guji voulait dire quelque chose, le Capricieux la laissa poliment parler, pour une fois. Il opina du chef plusieurs fois tout en frottant ses lèvres de son index, réfléchit. Il ne manqua pas le regard de Shiori lancé sur lui, juste après que le Chokkai ait réajusté ses atours.

« Voilà ce que j’en pense, Aonuma-san. »

Il paraissait calme. Trop calme. Isao attrapa doucement sa tasse pour la rapprocher de lui, puis laissa le bout de ses mains tapoter dessus. Elle était trop chaude pour sa peau sensible. Du même temps, le prêtre affolé se suspendait aux lèvres de son meneur.

« Vous êtes au courant de ce projet depuis bien longtemps. Bien avant que la construction ne débute. »

Un regard, furtif, mais qui ne manqua rien. L’Élu Renge était redoutable : le souffle soudain court de son interlocuteur ne lui avait pas échappé. Il poursuivit comme si de rien n’était, sans temps mort, sans laisser présager qu’il avait compris quelque chose en plus. Pourtant, le jeune leader réorienta son discours, davantage confiant en son hypothèse dorénavant.

« Bien sûr, vous étiez prêts à nous en avertir le plus vite possible, n’osant prendre cette décision par vous-même car, j’ose espérer, vous connaissez mon tempérament et mes positions… »

Son sourire s’effaça définitivement. Isao renfermait pourtant sa colère, trahie désormais par la manière dont il saisissait sa tasse brûlante. Il s’en faisait mal, ses doigts cherchant à étrangler la céramique comme s’il tenait le propre cou du Chokkai. Ce dernier déglutit avec angoisse.

« Cependant… Bien que vous incarnez le pire trouillard que nos magnifiques terres abritent, il existe une chose qui, dans la balance de votre esprit réduit, possède plus de poids à vos yeux que le culte lui-même. »

Inopinément, d’une agilité trahissant ses capacités martiales véritables puisqu’il parvint à esquiver la tasse qu’il frôla ses coudes, le Capricieux se jeta sur le Chokkai. Pas littéralement, néanmoins. Ses gestes devinrent secs, brutaux, alors qu’il retirait d’un seul coup et avec force le jōe recouvrant la robe de Aonuma.
En dépit de la violence de ses mouvements, la voix de l’Élu demeura composée malgré une colère grandissante s’exprimant à travers ses dents qu’il gardait serrées. Afin de ne pas déverser tout de suite son venin. Chaque chose en son temps, songeait le jeune homme en pointant de la paume de sa main les broderies luxueuses de l’habit dévoilé.

« L’argent. »

Il sourit en plaquant sa main sur son visage. Un ricanement nerveux s’empara de son visage qui avait de plus en plus de mal à se tenir.

« Vous aimez l’argent, n’est-ce pas ? Sous forme de pièces ou de services, d’objets de valeur. »

Il ferma fermement ses poings le long de son corps ; Isao se redressa soudain et inspira longuement pour se calmer. Il soupira toute sa rage.

« Et c’est au moment où quelques traîtres habiles vous ont promis ce que vous désirez que vous avez fait la pire erreur… »

Il se rassit, tenant son thé comme une menace, près à asperger le Chokkai d’un instant à un autre. Le Jokai ne parvenait plus à déguiser le dégoût qu’il ressentait en posant ses yeux sur ce pleurnichard coi de peur.

« Vous vous êtes cru plus intelligent que Watanabe-san et moi-même. » D’un mouvement de tête succinct sur le côté, l’Élu se contint encore. « Maintenant… » Sa prise s’affirma sur sa tasse. « Dites-moi pour quelle raison je ne devrais pas, à vous et vos petits copains, vous faire flageller sur les cent prochains jours pour l’offense faite à nos Kami. »

« V-V-Voyons Sangaigusa-sama, jamais je n’oserai m’aventurer dans telle entreprise et d-défier les Kami a-ainsi que l’une de leurs Voix !… »
« Alors quoi ? » gronda le Jokai. « Cessez de nous faire perdre notre temps et répondez à nos questions. Sont-elles si difficiles à comprendre ? Je vous ai demandé de nous partager ce que vous savez. Tout ce que vous savez. »

Le terrible Élu passa son index contre son col afin de se laisser un peu d’air. Et enfin, conclut :

« Je sais me montrer clément envers les justes et les égarés. »

Ce n’était même pas un mensonge. En effet, aussi dangereux et cruel que pouvait être Isao, il prenait soin d’appliquer des sentences justes. Selon sa propre vision de la justice, cependant… Pourtant, quelques individus avaient ainsi échappé au pire.


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Watanabe Shiori
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Dim 4 Avr - 22:56
  
La tempête avait finalement surgit. Aussi froide, aussi impressionnante et aussi destructrice que l’avalanche de neige dont le souffle glacial s’engouffrait dans l’interstice d’une porte. De son regard sur le Jokai, Shiori savait qu’elle avait permis à l’orage d’éclater plus sûrement encore. Le prêtre face à eux camouflait, plus que ses habits précieux, des informations vitales qu’il ne semblait pas disposé à partager avec ses supérieurs spirituels. Les sourcils de la Seikai Guji s’étaient dès lors tenus froncés, sans la moindre once de pitié quand la voix tranchante d’Isao avait porté le premier coup. Son regard clair s’attarda sur les traits contenus de l’Elu, jurant avec l’agitation de ses doigts fins autour de la tasse en céramique. Lorsqu’ils se stoppèrent subitement, elle sut que le déferlement de son mépris allait débuter.

Jamais, elle n’avait observé une telle colère dans les gestes du Jokai. Les rares fois où elle avait fait l’expérience de son agacement, - pour des broutilles qu’elle jugeait comme de simples prétextes à râler plus facilement -, le reléguait à l’état d’agneau inoffensif. Pour rien au monde, elle n’aurait voulu se tenir actuellement à la place du Chokkai, cible privilégiée d’une rage qui ne demandait qu’à exploser. Et d’un dégoût devenu trop visible. Aussi resta t-elle silencieuse, les yeux rivés sur le visage dégoulinant de peur de son voisin de table. Elle retint son souffle un instant, persuadée que le thé brûlant se retrouverait rapidement sur le pauvre homme balbutiant. Mais elle remercia la sagesse d’Omoikane d’avoir doté son Elu d’une retenue plus solide qu’elle ne l’avait d’abord cru.

“ Aonuma-san, respirez et buvez un peu de thé. A ce rythme, vous allez nous tomber dans les bras. ” Commença Shiori, dont la douceur immanente se révélait parfois aussi sournoise qu’un serpent ondulant dans les hautes herbes.

D’un geste assuré, elle servit la troisième tasse encore vide et la poussa du bout des doigts en direction de l’homme affolé. Ses yeux exhorbités flamboyaient d’une lueur d’angoisse que venait apaiser les prémices d’un réconfort offert par la voix basse de la haute-prêtresse. Pourtant, à peine eut-il croisé ses rétines lilas que toute once d’espérance s’envola. Entre les longs cils noirs, rideaux immobiles encadrant une scène oculaire, étincellait la flamme d’un fervent courroux.

“ Vous avez de toute façon implicitement admis votre vénale complicité. ” Elle reposa la théière d’un geste plus délicat cette fois, sans le quitter des yeux et attrapa sa propre tasse. Une main l’enserrant, l’autre la stabilisant par dessous, elle prit le temps d’une gorgée encore chaude. Ses lèvres roses brillaient encore du breuvage, mais elle reprit la parole sans aucune considération pour l’agitation de son interlocuteur : “ Vous n’avez pas d’autre choix que la vérité. L’argent ne vous empêchera pas de tomber seul, en attendant. ”

Elle grimaça en entendant la déglutition rendue difficile par la frayeur du prêtre. Elle se savait impassible par les traits, mais elle admettait aisément que ce visage porçin luisant de sueurs froides et tremblant de lâcheté, rongeait habilement un masque à toutes épreuves. Lâchant sa tasse, sa main droite glissa sur le bois précieux de la table avant d’y pianoter du bout des ongles alors que la voix tremblante du spirituel peinait à s’élever.

“ Il s’agit de Funabashi-san. I-Il gère le temple d’Ōita-son, c’est pou-pourtant un Chokkai reconnu dans la contrée, j-je suis certain que vous l’avez d-déjà vu et-et …” “ Nous savons qui il est. Cessez de tourner autour du pot Aonuma Chika, notre patience est déjà bien entamée.” Le coupa Shiori, alors que ses doigts couraient de plus en plus vite sur le plateau du meuble. Le bleu floral de ses prunelles s’était visiblement assombri de nuages, effaçant toute lueur de bienveillance.

“ Son p-projet a débuté à l’automne. Il a l-longuement prêché durant les c-cérémonies p-pour que nos Samouraï Renge s-soient élevés à leur juste valeur. A t-travers un temple entier. I-Il s’est mis à errer sur la route en-entre Ōita-son et Ryōsen en regrettant l’o-oubli envers nos guerriers. ”

Le Chokkai s’interrompit, visiblement essouflé par ses paroles entrecoupées de soupirs d’affolement et de culpabilité. Il se hâta de boire une gorgée de thé, risqua un regard vers le visage tendu du Jokai et se trémoussa sur son séant avant de reprendre.

“ Il s’est débrouillé pour l-lever des fonds en prétextant une m-mission pour vous, W-Watanabe-san…”

Il se recroquevilla instinctivement alors qu’une flamme de fureur s’alluma dans le regard si quotidiemment emprunt de douceur, de la Seikai Guji. Dans un même temps, ses doigts crissèrent sur la table et elle serra les dents, contractant sa mâchoire jusqu’à s’en faire grincer les dents. Elle dut se mordre la langue jusqu’au sang pour ne pas réagir abruptement et appela tout le sang-froid qu’elle se savait capable d’avoir pour rester immobile.

“ Continuez.” Ordonna t-elle sèchement, ses doigts toujours crochetés aux lambris du meuble d’office.

“ L-la ferveur des fidèles a été à-à la hauteur. I-Il a reçu assez pour en-entamer la construction juste avant les pre-premières neiges. M-mais je sais qu’il n’est pas seul da-dans ce projet. Il y a une de-deuxième tête pensante. Je ne sa-sais pas de qui il s’agit. ”

Il acheva là ses explications, joignant ses mains tremblantes sur ses genoux et évitant le regard brûlant de la haute-prêtresse à sa gauche. Shiori elle-même resta silencieuse un instant. Elle n’osait même pas tourner le visage vers Isao. Elle avait trop peur d’être déçue en recevant son mépris en pleine face alors que son propre honneur se retrouvait foulé par un banal prêtre de rang, dont l’envolée lyrique l’avait porté à croire qu’il tutoyait Omoikane lui-même. Elle n’avait qu’une envie, se rendre sur place et détruire de ses mains cette construction hérétique pour y pendre le traître.
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