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Sangaigusa Isao
Renge
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Dim 2 Mai - 15:29
  
L’HARMONIE DES BOURGEONS UN MATIN DE PRINTEMPS


Isao n’essaya même pas de contenir le rire qui habilla ses lèvres. Le spectacle avait de quoi l’amuser, cruel grand frère malgré tout l’amour qu’il éprouvait pour Kasumi. Il la laissa attraper sa main, lui concédant bien ce petit caprice en échange de toutes ces marches qu’il lui faisait grimper.

« Parfait. » répondit-il laconiquement en s’apprêtant à reprendre la route.

Du coin de l'œil, le Jokai surveillait le pas de sa sœur qu’il trouvait trop hâtif. Son instinct ne le trompa pas : elle tituba presque aussitôt. L’étreinte de ses doigts entremêlant les siens se fit plus forte et le jeune homme entrouvrit légèrement les lèvres. La stupéfaction étouffa son souffle. Il fit de son mieux pour lui apporter un soutien en contrebalançant son poids en avant, ajoutant un peu du sien pour aider.

« Moi qui voyait en tes mains une douce attention, je réalise dorénavant que tu m’as pris en otage !... » se plaignit-il avec un timbre un peu brutal malgré un sourcil levé avec amusement. Il s’offusqua rapidement : « Je ne crois pas avoir fait l’erreur d’ajouter le mot “énormément”, chipie. »

En effet, l’Élu se trompait rarement. Il choisissait toujours finement ses mots, fussent-ils des insultes, afin de s’en souvenir le mieux possible. La suite de la tirade de la jeune femme ne le rassurait pas.

« Bien que l’existence d’objectifs bien plus grands est une évidence, tu m’inquiètes... » avoua-t-il. « Je ferai un effort pour ne pas me fâcher. Ai-je cependant jamais refusé de répondre à l’une de tes questions ? »

Lui qui s’était montré patient jusque là avait à présent hâte d’arriver en haut de l’escalier tant la curiosité le rongeait dorénavant. De nombreuses possibilités vinrent l'assaillir. Il se demandait quel genre de questions pouvaient bien le gêner ou le fâcher. Des détails sur sa vie amoureuse ? Il n’y avait pas de quoi. Épargner la pénitence d’un incapable ? Peut-être plus. Mais qui, et pourquoi ? Isao n’avait à présent plus de répit dans son esprit flouté par trop d’interrogations.

« Quelle négociatrice ! » se moqua-t-il avec sarcasme. « Mais soit, si tu souhaites un rapport détaillé des mes ennuyeux voyages en compagnie des gens les plus déplaisants, je te le ferai. »

Un nouvel arrêt. Et seulement deux marches. L’Élu soupira, agacé, mais retint son fiel par tendresse envers son adelphe. Il la laissa parler également, perdant son regard sur l’objectif de cette promenade. De minuscules dalles en pierre qui lui semblaient trop éloignées encore.

« Serais-tu capable de te taire ne serait-ce que deux minutes, imouto-san ? » rétorqua-t-il aussitôt en ricanant. « Je choisirai une punition équitable, sois-en sûre. J’ai l’habitude. »

Ce n’était pas rassurant. Car l’équité et la justesse de ses châtiments étaient en général davantage égales à son humeur, soit massacrante en permanence. Isao espérait que cela motiverait sa cadette à ne pas faillir. Malgré tout, il réfléchissait déjà à la peine qui l’incomberait dans le cas contraire.

« Ce n’est pas le ton de quelqu’un qui regrette des actes, Kasumi-chan... » remarqua-t-il en souriant avec allégresse. Il semblait également altier, en attestait son ton enthousiaste tandis qu’il tournait son visage vers elle. « Prendrais-tu exemple sur moi ? Voilà de quoi me rendre fier ! »

Leurs parents ne seraient sûrement pas du même avis. Le Capricieux pouffa encore un peu, avant de perdre peu à peu sa joie. Les traits de son visage revinrent à cet air maussade qu’il revêtait la plupart du temps. Irrité, il demanda :

« Puis-je mettre une expiration à ces conditions ? À ce rythme je devrai rentrer que tu n’auras toujours pas atteint le bout de ces escaliers ! »

Il regrettait son choix. Visiblement, il ne pouvait pas prendre les bonnes décisions pour tout. Jamais il ne l’admettrait néanmoins.


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Lun 3 Mai - 13:54
  
« Non, tu n’as jamais refusé de me répondre. Mais ne râle pas ainsi. »

Finalement, la mutine puînée avait presque envie de perdre volontairement et de manière rapide son petit jeu, juste pour avoir l’occasion de garder son délicieux interlocuteur cinq minutes au moins de plus au cas où, le temps d’une punition qui n’en serait pas vraiment une puisqu’il serait là. Qu’importait s’il se montrait bougon alors et se vengeait de son idée par une petite chose difficile ; la présence d’Isao avait véritablement ce don formidable de tout rendre plus facile, même le plus tortueux des escaliers.
Enfin. “ Presque “ était le mot, la réponse à l’interrogation qui l’intéressait lui semblait assez équivalente en terme de récompense. Peut-être un peu perdante, mais terriblement excitante aussi à sa manière.

Tenant toujours ses doigts, elle s’arrêta pour la centième fois malgré ses dires à lui et porta la main de son aîné à sa joue à elle pour en appuyer rapidement le dos tout contre. Un geste tout simple, remplaçant d’une excuse qu’elle ne souhaitait pas formuler à haute voix.
Sa question, celle à laquelle elle avait songé précédemment et qui n’avait en réalité strictement rien de gênant pour lui, revint titiller ses lèvres. Elle la retint, en choisit pour l’instant une autre.

« Est-ce de ma faute, onii-chan, si le temps parait toujours et définitivement trop court lorsque nous sommes ensemble ? »
L’aveu dégoulinant de tendresse, réaction faussement ronchonnée un peu à côté de la plaque à certains de ses propos à lui, n’attendait visiblement pas de réponse autre qu’un sourire clément, puisqu’elle reprit vivement sa longue montée, se reconcentrant sur ses pieds.
Combien de fois avaient-ils pu avoir cette discussion dans le passé ? Oh, bien entendu, elle le laisserait partir lorsqu’il dirait que c’était l’heure, mais la sale môme n’aurait pas rêvé mieux que de se l’attacher, toujours, cinq minutes de plus.

« Et si tu n’as pas usité le mot “énormément”...» Finit par ajouter la chipie trop taquine qui se souvenait exactement des paroles d’Isao, mais ne l'avouerait jamais. Elle leva le menton, fit mine de le toiser en riant.
« C’était là une faute que je me devais de corriger et non une erreur ; encore un fait que je ne regrette pas. Vois, j’apprends toujours pour essayer de te plaire encore parfois. »

Une boutade de plus, qu’elle espérait qu’il ne prendrait pas mal. La têtue puînée avait la mauvaise habitude de taper parfois où il ne le fallait pas.
Peu désireuse d’en plus lui broyer les phalanges ou de le faire saigner, à regret, Kasumi détacha enfin sa menotte de celle d’Isao. Glissant ses manches dans son dos, elle lui décrocha un énième sourire.

« … Même si les prochains mois te donneront hélas raison de nouveau.»
Marmonna-t-elle ensuite vivement avant d’entamer la montée seule, comme elle l’avait promis.

Les yeux morts déjà rivés sur le sol espéraient peut-être aider leur propriétaire. Il n’en fut rien, bien évidemment, et le spectacle se fit plus comique encore par la suite qu’il ne l’avait été jusque présent.
Cinq marches fort longues furent au bout d’une éternité passées par la funambule peu agile et aux doigts tremblants qui se retrouva fort marrie de sa piètre performance. Tant et si bien qu’Isao put finalement l’entendre chuchoter entre ses dents, grondeuse :

« Toi, s’il te plaît, arrête de bouger ! »

La menue diatribe fâchée n’était pas pour lui, son fier et vaillant grand frère, mais destinée au sol qui n’arrêtait pas, mauvaise foi mise de côté, de la faire aller tel un pantin saoul prêt à tomber loin des rubans dorés égrugés qui le retenaient normalement.
Autant dire que l’injonction n’eut aucun effet et, son escalade reprise, la plus jeune galéra tout autant, si ce n’était davantage qu’auparavant. Trouver son pilier d’ainé à son côté lui fit sans doute perdre son pari, ou alors ses paumes se souviendraient un moment d’une marche de trop sur laquelle son pied avait glissé quand, exaspérée, la fille s’était déconcentrée pour de nouveau bougonner.

« Par les Ka…Zut ! Crotte de… De mouton dégénéré ! »

Elle tapa du pied dans les deux cas une fois remise dessus, les joues gonflées, fâchée uniquement contre elle-même.

« Je hais les escaliers. »

Décida-t-elle en relevant un menton boudeur, l’oeil noir et le front plissé.

« J’espère qu’il n’y en aura pas dans la prochaine ville où j’irai. »
Lâcha-t-elle, trop agacée pour surveiller ce qu’elle disait et s’empêcher d’aborder un sujet qui recommençait à lui peser malgré les bras rassurants à sa portée.

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Jeu 6 Mai - 12:14
  
L’HARMONIE DES BOURGEONS UN MATIN DE PRINTEMPS


Voilà qu’elle le sommait de ne pas râler. Quelle ironie !

« Parce que tu ne râles pas, toi, peut-être ? » rétorqua-t-il presque comme un enfant.

Le Capricieux roula des yeux, arrêtant son regard vers le ciel gris en soupirant. Sa cadette avait encore stoppé son ascension. Isao ne dit rien cependant, considérant avoir déjà bien assez rouspété. Sans quoi il risquait de ruiner ce moment de joie avec son adorée sœur.

« Si cela était de ta faute, alors ce serait une Bénédiction d’un éclat plus digne de notre famille. » laissa-t-il s’échapper d’un ton monotone, l’air hagard. Écarquillant légèrement les yeux, Isao tourna légèrement la tête vers Kasumi pour s’empresser d’ajouter : « Non pas que cela ne me gêne ni ne ternisse ma prestance naturelle, bien au contraire. »

Un léger sourire en coin ponctua sa phrase. Le Jokai Sangaigusa restait fidèle à lui-même, gonflant chaque mot de son égo même lorsqu’il voulait tourner son attention sur une autre avec des palabres se voulant rassurantes. Ses pupilles, vives, se posèrent sur la jeune femme qui le toisait. L’Élu fronça légèrement les sourcils. Piqué à vif, entre un étrange mélange de tendresse et d’irritabilité, il répondit avec un rictus mauvais :

« Tu es le seul être de ce monde à obtenir autant d’affection de ma part et cela ne te suffit pas ? Je vais te dire où concentrer tes efforts : c’est à un bon parti que tu dois chercher de plaire, pas à moi. Il n’existe nul être que je supporte aussi bien que toi, après tout. Peut-être que mère te lâchera la grappe ainsi, également. »

L’aveugle lâcha la main de son aîné, laissant ce dernier soupirer de soulagement. Il commençait à avoir mal tant elle avait étreint ses doigts, pour ne pas dire broyée selon le Jokai. Il se caressa le dos de la main en observant son interlocutrice. Malgré tout, il s’inquiétait de ce contact rompu. Il devint tout à coup aux aguets, au cas où sa cadette trébucherait une nouvelle fois. Sa dernière réplique l’inquiétait plus encore. Isao fronça davantage ses sourcils, son esprit déjà en marche pour comprendre le sens derrière une phrase qu’il jugeait tout sauf innocente. Il laissa la dernière née monter seule les quelques dernières marches, restant en arrière pour la rattraper au besoin. Ses lèvres s’étirèrent d’un sourire moqueur tandis qu’il l’entendait ronchonner, pleine de mauvaise foi. Il constata sans peine la haine de Kasumi pour les escaliers, si bien qu’il rétorqua en pouffant, amusé :

« J’ai cru comprendre. »

Quand soudain son visage s’assombrit aussi vite que les nuages couvrirent le soleil. Le jovial grand frère, emprunt d’une douceur rare, disparut immédiatement pour laisser apparaître le froid et cruel Jokai au travers de son regard de fer.

« Comment ça ? »

Aussitôt il accéléra le pas, montant les quelques marches le séparant de sa sœur. Il attrapa son poignet un peu brutalement, bien qu’il ne l’empoignait pas assez fermement pour la blesser.

« Cette plaisanterie a assez duré. » marmonna-t-il entre ses dents serrées. « Pied droit ! » cria-t-il en montant une première marche, « Pied gauche ! » poursuivit-il en grimpant la suivante, entraînant Kasumi dans sa course impitoyable. « Pied droit ! » répéta-t-il, et ainsi de suite, sans s’arrêter, jusqu’à ce que les adelphes parviennent à un sol plat, dallé de petites pierres grises collées entre elles.

Il marcha une seconde ou deux encore, instaurant une distance de sécurité avec les escaliers, pour enfin lâcher le poignet de Kasumi. Il se plaça face à elle, croisa les bras. Il tournait le dos au magnifique panorama qu’il voulait lui décrire, oubliant le monde qui l’entourait un bref instant pour se concentrer sur ce qui lui semblait plus important. Il articula chaque mot avec une colère difficilement contenue, son timbre de voix grave et ses iris plus glacials que jamais.

« Est-ce contre cela que je ne dois pas me fâcher ? Réponds-moi vite avant que je ne m’emporte. »


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Ven 7 Mai - 20:42
  
Heureusement qu’il ne restait pas des tonnes de marches. Après l’avoir régalée de ses remarques la faisant parfois gentiment ou rieusement grimacer et de si doux mots qu’elle sentit même son sourire fondre, lorsqu’Isao entra dans ce que sa petite soeur nommait habituellement son mode militaire, Kasumi sut tout de suite qu’elle avait intérêt à fermer sa grande bouche et à obéir.
Elle, qui s’amusait tout bas généralement de le voir ainsi, enfin du moins quand il l’utilisait sur une autre que sa personne, ne fit pas la fière et réussit donc l’exploit de clore son claquet au moins une trentaine de secondes. Un fait surprenant, n’est-ce pas ?

Ce n’était pas vraiment avancer les pieds le souci, mais elle se garda bien de ronchonner à ce sujet quand bien même l’envie naquit et enfla sur le bout de ses lèvres. Pour complaire à son frère adoré, la jeune femme se résigna plutôt à se concentrer sur ses petons davantage, essayant de moins tituber quand ses orteils rencontraient seulement des bouts de marche et devaient se tenir en équilibre précaire le temps que d’autres les rejoignent, ou tentant de ne pas trop glisser parce que son jokai d'aîné avait décidé de se montrer impitoyable et qu’elle faillit une fois sauter plus qu’escalader.
Son guide pressé finit au bout d’un moment par la lâcher. La donzelle ne se mut plus. Hélas, elle n’eut pas le temps d’essayer de dérider son souffle ou son adelphe que ce dernier enchaîna, un cran plus haut dans la colère.

« Hein ? »

Hoqueta-t-elle d’abord en réponse, médusée.
La tête de linotte qu’elle était sembla vite faire le lien que son frère avait fait, perdit sa surprise pour une couche de chagrin et accompagna la suite de ses explications d’un « Non » de la tête. Son nouvel air coupable, dû au fait qu’elle s’en voulait déjà d’avoir abusé de sa patience, aurait pu faire dire que la plus volatile des deux allait mentir. Cependant, n’avait-elle pas juré juste avant de ne pas le faire tant qu’il en ferait de même ?
Quoi que puissent en penser ceux qui n’étaient pas dans sa tête, Kasumi s’en tint par la suite à sa vérité.

« Pourquoi te fâcherais-tu pour ça ? »
Elle soupira après avoir inspiré un grand coup. Ses épaules s’affaissèrent lentement.
S’arrêtant déjà de babiller encore pour ne pas que les yeux noircis qu’elle sentait s’abattre sans douceur sur ses traits se transforment en acier, la puînée leva le menton en un espoir vain de gagner les quelques centimètres qui les séparaient en taille.
Ses mains se mirent à parler presque autant qu’elle, mais dans le vide, soulignant ses propos oraux par quelques gestes esquissés. Un duo de doigts se tint tout d’abord proche et parallèle sur le premier bout de phrase, puis sa menotte battit l’air sur la seconde. Ensuite, les deux paumes se lièrent et se tinrent sages sur le devant de son habit.

« C’est une histoire de peti… D’accord, un résumé. »

Déglutit-elle. Une seconde trop longue passa avant qu’elle ne réussisse à recentrer son récit sur l’essentiel.

« Au lieu de réellement t’agacer, j’espérais juste, grand frère, grâce au renfort d’une interrogation horriblement alambiquée et complètement inepte, réussir soit à te faire rire encore, soit à finalement obtenir que tu poses bientôt pour moi sous certaines conditions pour ton confort alors uniquement. »
Souffla-t-elle doucement en faisant une moue..
« Je t’en prie donc... »
Chercha-t-elle à l’amadouer.
« N’en deviens pas plus dur et froid telle une de ces pierres bleutées, comme si j’étais une… l’un de tes gens indisciplinés. »

Le mot “ennemie” qu’elle avait eu l’idée d’abord d’employer fut ainsi mis de côté, tout comme la description du regard le plus aimé qu’elle connaissait encore par coeur et qu’elle souhaitait tant ressentir encore. Si elle s’était espérée poète, elle aurait ainsi rajouté que l’absence dedans du si joli reflet ensoleillé de petite rivière sous les feuillages, présent uniquement lorsqu’il était heureux et radieux, était vraiment la plus cruelle. Et ce même si elle ne pouvait plus la contempler.
Sans bouger, de peur sans doute que cela le fâche encore, la fille offrit à son frère brièvement un discret et pâlot sourire.

« Si mon désir d’encore vouloir t’utiliser pour travailler de la maudite argile à t’offrir est tant honni, et ce même si elle ne te touchera jamais, je ne te reposerai pas cette question avant un mois, ou deux. Ou trois ? »
Pour qu’elle le cajole au point de traiter sa précieuse matière aussi mal, la cadette devait vraiment vouloir récupérer l’air tendre d’Isao.

Elle rajouta, plus bas, coupable encore :
« Et si c’est l’autre qui t’importune vraiment… J’en suis désolée. »
Pas d’autres explications. La pipelette tentait désespérément d’éviter de se perdre dans les détails.

« Mais puisque nous sommes normalement presque arrivés à notre destination, au lieu de bouder tous deux au milieu du chemin, ne pouvons-nous le faire là où nous allons ? »

De l’espoir s’entendit clairement dans cette phrase rajoutée à la va-vite, celui qu’ils n’aient pas fini de monter ces horribles escaliers pour rien, ou que son merveilleux grand frère ne la laisserait pas sans sa description, vexé.
Cinq de ses doigts bougèrent inconsciemment pour se poser sur son autre poignet, celui qu’il avait saisi tout à l’heure et l’enlacèrent. Nulle question là de douleur, simplement un minuscule souhait : celui de retenir encore un peu le maigre soupçon de chaleur qui y résidait toujours.

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Dim 9 Mai - 14:50
  
L’HARMONIE DES BOURGEONS UN MATIN DE PRINTEMPS


Si elle ne pouvait le voir, probablement pouvait-elle sentir les lames de son regard frôler la chair de son visage. Isao toisait sa cadette, les bras croisés. Tout son corps fermé au dialogue malgré une position d’écoute ; car il devait savoir. Les lèvres resserrées de Kasumi le conforta dans ses hypothèses.

« Non ? Vraiment ? » souffla-t-il entre ses dents serrées, les yeux plissés de suspicion.

Il ne bougea pas. Ses pieds ancrés dans le sol, sa silhouette immuable. Même la brise du vent osait à peine le caresser, abandonnant l’idée de pouvoir le faire chavirer. Le Jokai demeura muet, laissant le temps à sa sœur de composer ses pensées afin de lui répondre. L’intensité de ses iris ne laissaient cependant pas ombrage de la moindre patience. Kasumi se ravisa et s’expliqua avec une moue que Isao trouvait adorable, bien que cela ne suffit pas à l’amadouer. La situation lui sembla confuse et cela se manifesta dans ses traits indécis.

« Je ne vois pas là une raison à me fâcher. Refuser étant une chose, mais en quoi être un modèle d’inspiration pourrait provoquer quelque colère en moi ? » Ses sourcils se froncèrent davantage et son ton devint plus dur encore. « Est-ce que tu me mens ? »

Il lui paraissait peu probable que sa clause quémandée précédemment puisse être en conséquence d’une demande si anodine. L’Élu n’était pas un démon, moins encore pour elle. Où se trompait-il ? Était-il seulement possible qu’il commette une erreur de jugement ? Son égo bomba légèrement son torse retenu par ses bras fermement clos. Puis il soupira avant de s’avancer, réduisant l’écart entre eux deux. Coinçant son index sur son pouce, il libéra une petite pichenette sur le front de sa cadette tout en maugréant :

« Tu es indisciplinée tout autant que tu es l’un de mes gens de par ton affiliation au Lotus, imouto-san. »

Nonobstant une mauvaise humeur et une expression irritée, le Jokai détendit ses traits avec un sourire timide. Malgré lui, ses yeux se teintèrent de douceur. Les tentatives désespérées de Kasumi pour retrouver son aîné aimant l’amusaient grandement. Cela n’effaça néanmoins pas ses doutes.

« Pas encore. » répondit-il.

En effet, il ne se mit pas en marche, au lieu de quoi il croisa de nouveau les bras. Inaccessible à la pitié, Isao ne perdait pas le nord.

« Quel est le rapport avec cette prochaine ville dont tu as parlé ? » Une fois de plus, son visage devint plus sévère. « Ne crois pas t’en tirer si facilement. » ajouta-t-il. Ensuite il offrit un sourire carnassier, prédateur qu’il était. « Mais puisque le sujet où je ne devais pas me fâcher concernait ce hobby qui est le tien… Alors je n’ai pas de raison de me contenir, n’est-ce pas ? » Le sourire disparut aussitôt. « Tu t’en vas ? Combien de temps ? Pourquoi faire ? Quand ? »

Tandis qu’il l’assomait de questions, l’Élu remarqua que son adelphe tenait le poignet qu’il lui avait agrippé plus tôt. Il se tut alors, ressentant de la culpabilité ; chose rare. Lui avait-il fait mal malgré ses précautions ? Isao délia enfin ses bras pour attraper le poignet qu’il croyait blessé de Kasumi. Il l’observa, le caressa gentiment avec son pouce. Et ne dit rien.

« Nous ne bougerons pas tant que je n’aurai pas de réponse. »

Tendresse n’excluait pas de garder ses esprits.


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Dim 9 Mai - 19:12
  
Souriait-il ? Souriait-il de nouveau, même qu’un tout petit peu ?
Hélas, dès ses premiers dires à lui, Kasumi sut qu’elle n’avait pas encore réussi son coup : son merveilleux grand frère avait décidé de continuer à ronchonner, en témoignait son ton. Le soupir qui lui échappa alors, aussi bref qu’un souffle altéré par une longue course, montra toute sa tristesse quant au fait qu’il n’était pas redevenu heureux.

La jeune femme n’avait pas peur d’Isao, ou plutôt plus, depuis qu’elle avait découvert, alors en kimono court, combien son ainé adoré était juste un humain comme les autres, mais avec cent fois plus d’amour à son égard que n’importe qui. Si elle craignait donc un tant soit peu sa colère ou ses autres émotions trop négatives, c’était uniquement pour lui : à ses yeux de dernière née, son frère ne méritait que le plus beau et le meilleur et cette liste incluait les sentiments. Et puis, qu’il était fabuleux lorsqu’il faisait leur faisait l’aumône en étirant ses lèvres fières et en faisant pétiller ses yeux ; - radieux. Comment ne pas vouloir en profiter toutes les secondes que les kamis faisaient ?
La pichenette lui fit reculer la tête, froncer les sourcils, puis apparaître une autre esquisse de ses propres fossettes. Si son adelphe s’était décidé à gentiment bouger et à la toucher, tout espoir de le voir retrouver son humeur charmante et charmeuse n’était finalement pas perdu, n’est-ce pas ? Elle s’accrocha à cette idée de toutes ces forces.

« Il me semble que nous autres, Sangaigusa, n’avons entre nous qu’une parole. Je n’oserais me parjurer. »
Lui jura-t-elle encore avec insistance, avant d’oser demander doucement :

« Comptes-tu donc me reprocher longuement d’avoir totalement raté l’effet que je souhaitais produire, nii-chan ? »
Une énième expiration penaude vint souligner l’interrogation. Elle rabaissa son menton.
La culpabilité ne paraissait point vouloir la quitter et ce même si Isao semblait peu à peu se dérider. Le ton qu’il employait à présent lui était moins mordant, moins impersonnel, mais tout de même : cela ne suffisait pas.

« Ma requête et ses à-côtés étaient juste là pour tenter de stimuler ta curiosité, elles ne signifiaient rien en elles-mêmes. Une fois encore, le choix des mots fut mauvais, je te prie de me le pardonner. N’as-tu pas, depuis le temps, pris l’habitude de me voir réfléchir uniquement après t’avoir parlé ? »

Un sourire hésitant revint hanter ses traits et elle avoua, cajoleuse :
« Ma seule excuse sera la même que celle que je te donnais lorsque nous étions enfants : tout ce stupide quiproquo est en partie de ta faute aussi, mon frère, puisque tu me fais toujours perdre la tête. »
Les dires, remplis d’une mauvaise foi toute enfantine tout en étant vrais, étaient à prendre uniquement au sens le plus innocent possible, bien évidemment. Heureusement cependant que les deux jeunes gens étaient seuls, car c’était là le genre de propos qu’une oreille externe aurait pu fortement lui reprocher.

Une seconde de silence se tint avant que la chipie n’ose timidement glousser, la tête courtement emplie de souvenirs plus gais que la situation actuelle :

« Marche-t-elle seulement à moitié aussi bien qu’antan ? »

Kasumi parut par la suite retenir son souffle sous l’avalanche de questions. Tandis que le Capricieux prenait doucement son poignet et refusait de se mouvoir, la tête de linotte se mit en devoir de répondre presque dans l’ordre, trop sagement.
Son front se plissa, comme si cela pouvait l’aider à ne rien rater.

« Dans un ou deux mois, peut-être pour le même nombre de jours, je ne sais pas où encore, mais assez loin pour que notre nom ne fasse pas douter un potentiel professeur de mes simples intentions. Zut, j’ai oublié une de tes interrogations. »

La puînée fit mine de réfléchir, pencha légèrement la caboche. Quelques secondes furent nécessaires, une nouvelle fois, pour lui permettre de choisir - du moins l’espérait-elle - les bons mots.
La caresse de son aîné sur son bras la détendit tant et si bien que la fille retomba d’ailleurs dans son travers préféré : elle se remit à babiller.

« Ah oui… Mh… Est-ce que tu connais la différence entre une œuvre ratée et une jolie réussite ? »

Elle haussa les épaules, continua sans attendre sa réponse, de peur que jouer en plus aux devinettes n’aggrave son humeur :

« Sans doute est-ce la même chose dans ton travail, cela se résume en un mot : presque. C’est horrible comme terme, non ? Presque. »

Son ton s’était fait plus vivant au fur et à mesure de ces derniers propos, plus outré par ce qu’elle racontait. Elle releva son museau, grimaça, parut chercher dans le vague à côté de lui, ou sur ses traits, la même horreur qu’elle ressentait. Ses dires perdirent en indignation pour gagner en fermeté par la suite :

« J’ai besoin de trouver une méthode pour l’enlever de mon vocabulaire, donc de quelqu’un d’assez doué pour me remontrer au moins le début de la voie pour ce faire. Et je ne trouverai pas cela, grand frère, malgré tous mes souhaits, en continuant à ne pas quitter  le refuge qu’est notre si belle maisonnée. »

Disait-elle cela autant pour lui que pour se motiver seule ? Il y avait bien des chances, vu combien les doigts pendus dans le vide, ceux de la main qu’il tenait, se mirent soudainement et brièvement à tressauter.
Une douce pensée fut vivement rajoutée, peut-être un peu trop vite en fait :

« Et puis, je voudrais en profiter pour aller revoir le sculpteur qui m’apprenait bien des choses encore il y a peu de mois de ça. Ne serait-ce que pour le remercier. »

Y avait-il besoin de préciser “ dans le village où elle était devenue aveugle “ ? Non. Isao comprendrait. Qu’elle veuille au passage obtenir des pistes pour retrouver l’œuvre pour laquelle elle avait perdu ses yeux et qu’elle n’avait pas pu ramener avec elle, pouvait par contre ne pas lui venir à l’esprit et Kasumi n’osait l’en entretenir. Non par frayeur de lui, une fois encore, mais par peur pour lui.
Et si.. Et si elle avait modelé une chose pouvant fâcher les kamis d’une manière ou d’une autre ? Ne valait-il mieux pas que le Jokai Renge qu’il était n’en sache rien afin de ne pas finir trop éclaboussé ? C’était ce genre de pensées idiotes qui lui traînait dans le crâne, à elle qui n’avait jamais fait énormément attention à sa propre réputation et l’empêchait de totalement se confier.

« Je te jure d’essayer de ne pas me perdre sur la route. Que je trouve ou non mon bonheur, je reviendrai vite et, ensuite, tu auras bien du mal à te débarrasser de moi, tu sais. »

Le sourire revint, tendre, éphémère, cherchant à lui faire se remémorer les rieuses conversations qu’ils avaient eu juste auparavant. Maintenant qu’elle lui avait décrit une partie de ses projets, un poids s’était enlevé, au point qu’elle s’était permis ces deux nouvelles promesses délivrées  avec tendresse.
 Si elle ne mettait pas la main sur un maître en allant le chercher, elle trouverait un moyen ou un autre pour en faire venir un. Si elle ne retrouvait pas son trésor envolé, elle chercherait l’oreille la plus discrète, la plus expérimentée, afin de lui confier cette tâche pesante. Il le fallait.
Après tout, rechercher des objets n’était pas son métier. Elle n’était pas sûre d’être à la hauteur de ce qui pouvait se dresser sur le chemin. Plus elle y songeait et plus cela l’affolait d’ailleurs ; le besoin de remettre la main sur sa création augmentait chaque jour qui passait, mais de ridicules pressentiments gonflaient avec, rongeant sa bonne volonté. Un cercle vicieux en somme, qu’elle devait se mettre à démêler.

« Me donner les noms de tous les partis que toi, tu jugeras alors intéressants, n’y suffira peut-être pas. »

Deux de ses dents vinrent se planter dans sa lèvre inférieure. Sa menotte libre chercha les doigts posés de son frère en dehors du pouce et essaya de les envelopper doucement.

« Sais-tu tout ce que tu voulais savoir, cette fois ? »

Sangaigusa Isao
Renge
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Mer 12 Mai - 21:35
  
L’HARMONIE DES BOURGEONS UN MATIN DE PRINTEMPS


Il sourit, emprunt d’une certaine auto-dérision, avant de rétorquer aussitôt :

« Existe-t-il un instant de ma vie où je n’ai rien reproché à personne ? »

Puis, pour indiquer sans avoir à le dire que Kasumi n’avait pas à se sentir déconvenue, le Jokai frôla tendrement son pouce sur la joue de sa cadette, d’un bref mouvement comme s’il l’invitait à sourire. Un court instant de douceur avant de retrouver son voile de colère froide, accrochée sur un ton réprobateur.

« Je te pardonne. » Il hésita avant d’ajouter, retenant sa voix amusée malgré un visage qu’il tentait de garder impassible : « Encore. »

Isao contempla le sourire de son adelphe du même temps qu’il l’écoutait poursuivre ses excuses et explications.

« Je crains le jour où tu tomberas amoureuse, imouto-san. Bien que je conçois qu’il soit normal de perdre la tête pour l’Élu que j’incarne, je me sens concerné de ce qu’il se passe dans ta caboche d’une seconde à une autre. »

Ce n’était pas vraiment une plaisanterie. Aussi proche était-il d’elle (oserait-il dire fusionnel ?), le Capricieux craignait parfois que l’attachement qu’éprouvait Kasumi pour lui pourrait lui nuire un jour ou l’autre. Plus encore : comment se comporterait-elle avec un être qu’elle aimerait plus que lui ? Cela arriverait bien. La Voix d’Omoikane soupira. Il fallait qu’elle s’améliore d’ici là, avant de devenir encore plus maladroite en raison de la maladie d’amour.
Bien que ses pensées furent multiples, Isao ne perdait pas le fil de la conversation et encore moins de ses attentes. Ses interrogations se bousculèrent sur le bout de sa langue, impitoyables tout comme lui, pour assaillir sa sœur et obtenir les réponses qu’il souhaitait entendre. L’expression concentrée de Kasumi apporta une certaine satisfaction, sadique, à son aîné. En contraste avec le geste fraternel qu’il exécutait, caressant le poignet de l’aveugle avec son pouce. Il acquiesça au fil des retours entendus, avant de répéter aussitôt :

« Pourquoi faire. »

Ce n’était pas tant froid malgré le calme avec lequel Isao avait rapidement répondu. Il se montrait patient, conscient qu’il lui suffisait d’attendre pour percevoir tous les éléments espérés. C’était sans compter sur les écarts de la jeune femme. Le Jokai arrondit ses yeux, surpris de la devinette posée, sortie de nulle part. Il n’eut même pas le temps d’y réfléchir qu’elle divulgua la solution. Au moins retrouvait-elle un peu d’enthousiasme, au lieu de faire la moue en permanence. Le frère sourit en silence. Puis, las, il balaya l’air de sa main libre et prit une mine dépitée pour se plaindre :

« Je déteste le mot “presque”. »

Probablement sa némésis. C’était l’ennemi du mieux et du bien. La complaisance des feignants et des incompétents. Rien que d’y songer ravivait ses nerfs à vif. Ensuite, un souffle. Encore un. Avant de prendre une longue inspiration. Isao resta en apnée un moment, songeant aux aveux de sa sœur. Il se sentait tiraillé entre ce qui était mieux pour elle et ce qu’il voulait pour elle, indépendamment de ce qui était bon pour l’aveugle, considérant en premier lieu à ses propres sentiments. Il préférait de loin l’enfermer dans une cage dorée.

« Je ne sais quel avis exprimer... » avoua-t-il. « Alors autant marcher jusqu’à cette fameuse vue. » renchérit-il en maugréant.

Le Jokai lâcha le poignet de sa cadette pour offrir une nouvelle fois son bras. Plus en douceur, dorénavant. Il figea son expression dans un mutisme réfléchi. Il organisait ses pensées, triait ses avis, pesait le pour et le contre.

« Je doute qu’aucun parti ne puisse nous séparer. Le mariage est probablement la plus faible menace pesant sur notre lien. » dit-il pour rebondir sur un sujet passé de quelques secondes déjà.

Selon lui, l'union marital n’était jamais qu’une formalité, un moyen de survivre pour une famille. Et très souvent, il ne consistait qu’à réunir deux étrangers sans même nécessairement les faire cohabiter. Non, cela, Isao ne le craignait pas le moins du monde. Le reste, en revanche…

« Je ne saurais guère me mettre en travers de tes désirs, imouto-san, quand bien même ces derniers seraient en contradiction avec les miens. »

Il porta son regard à l’horizon. Les arbres s’éclaircissaient déjà pour laisser apparaître le panorama magnifique de l'imposante capitale nichée dans les montagnes.

« Cependant, sache que je me refuse à cette expédition si tu ne pars pas avec au moins un yojimbo. Quand bien même ma confiance en toi est relativement présente, elle est inexistante auprès des étrangers. Davantage avec ta cécité. » Il se perdit une seconde dans ses songes. « Un seul ? Non, peut-être deux, plutôt… Et une suivante ? Oui, il faut au moins une suivante... » pensait-il à voix haute.

L’inquiétude prenait le pas sur l’amour qu’il éprouvait dans le timbre de sa voix chuchotée.


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Ven 14 Mai - 20:23
  
La douce caresse d’un doigt sur sa joue fut accompagnée par un léger mouvement de caboche, comme si la puînée souhaitait retenir un peu plus la peau qui touchait la sienne. Ses fossettes, comme prévu, se creusèrent suite à cette demande muette, attirées par la chaleur que l’on apposait non loin ou soulignant ses paroles.

« Des milliers ! »
Ne put s’empêcher de répliquer Kasumi en réponse à la remarque d’Isao sur lui-même. Pour ne pas trop changer d'habitude, elle se montrait prompte à le défendre contre tous, même contre ses propres dires.

À ses paroles ensuite sur quelques doux sentiments, parce qu’il se montrait vraiment plus délicat malgré son ton varié, deux notes d’un rire légèrement gêné osèrent lui échapper.
« Ne gâche pas ton temps à t’en faire à ce sujet. »

Un non de la tête accompagna ses dires. Sur ses lèvres, le sourire demandé tout à l’heure se fit aimant, synonyme qu’elle allait se mettre à parler de ses aînés.

« Il m’a déjà été prouvé qu’il est pour le moment impossible de trouver une personne aussi parfaite que les membres de la famille que les kamis m’ont déjà donné à chérir. »
La suite fut soufflée, faux reproche attendri :
« Et ce même si un fabuleux grand frère en particulier oublie parfois qu’il n’est pas que la trop sage voix de notre vénéré Omoikane. »

Considérant à présent ce sujet clôt, n’ayant strictement aucune envie de s’attarder sur des coups de coeur passés qu’ils appartiennent à l’un ou l’autre, Kasumi ne rajouta rien, mais garda toujours sur le bout de la langue les dizaines et dizaines de réels compliments qu’elle s'était jusque là retenu d’adresser à celui qui lui faisait face.
On ne savait jamais : à trop s’empêtrer dans des inquiétudes inutiles, ou à trop utiliser ses propres sarcasmes sur sa personne, son merveilleux aîné pourrait tôt ou tard peut-être ressentir le besoin de les ouïr. Des vérités aussi douces pouvaient être répétées autant de fois qu’il y en avait la nécessité et elle ne se priverait guère de les rabâcher si cela pouvait aider à redonner à Isao sa superbe qu’il semblait un peu abandonner.

Elle hocha simplement la tête lorsqu’il se plaignit par la suite de l’existence du même mot qui les dérangeaient tous deux. La seule différence, peut-être, sur ce point entre le frère et la sœur était qu’elle ne se préoccupait pas du tout du fait qu’il puisse exister dans le vocabulaire des autres : sa médiocrité personnelle l’agaçait bien assez.
Ensuite, la plus jeune se tut sagement tandis que son adelphe organisait ses pensées, profitant tout bêtement de la faveur qu’il lui fit en lui rendant enfin son bras. Alléchée par la description qu’il lui avait promis et qui n’allait sans doute pas tarder à venir, davantage rassurée quant à l’humeur de son interlocuteur même si elle n’était hélas pas encore parfaite, la mutine se permit de faire courir ses doigts pour à son tour effleurer le poignet de son frère, lui rendant un semblant de la caresse qu’il lui avait précédemment offert.

« Tu as un mois, ou un peu plus, pour réfléchir exactement à qui m’accompagnera selon tes souhaits. »
Le bouscula-t-elle avec tendresse tout en serrant doucement le début de sa paume, une fois qu’il eut terminé d’évoquer ses quelques premières inquiétudes.
« Cela devrait suffire à enlever le vilain creux que j’imagine actuellement entre tes sourcils, n’est-ce pas ? »

Puisqu’il lui paraissait inutile d’avouer qu’elle avait déjà pensé prendre Hiroko dans son balluchon et qu’elle était bien décidée à accepter - presque - toutes les choses qu’il pourrait mettre en place pour leur tranquillité d’esprit à tous deux, elle rajouta à la place :

« D’ailleurs, à moins que tu acceptes de te contenter d’une bille d’argile pour te dire que tout va bien et de deux en cas de problème et que tu m’en envoies de même, une personne qui sait lire et écrire me serait utile aussi. Mais tu te trompes sur un point, onii-chan... »

Une hésitation. L’heure des sujets qui fâchent était passée, du moins l’espérait-elle. Malgré tout, l’aveu à faire n’en restait pas moins assez difficile à développer sans s’embrouiller.
Si elle garda son sourire, il s’en amenuisa. Sa voix se fit plus basse, moins badine que lors de ses dernières palabres, ses sourcils se froncèrent doucement.

« Ce n’est pas un caprice ou une simple envie. »

Preuve qu’elle s’y perdait déjà, elle ouvrit la bouche sur un léger vide avant de capturer de l’air dans une joue, comme si elle avait encore quelque chose à se reprocher. Les dires qui suivirent ce geste recelaient toujours autant d’amour que précédemment. Une pointe de timidité s’y fit cependant aussi ouïr :

« Si j’osais, je te demanderais sûrement de m’accompagner sur un tout petit bout du chemin afin de le rendre moins effrayant plus efficacement que n’importe quelle autre escorte. Mais tu as du travail et j’ai promis de ne jamais t’en écarter plus de quelques heures de temps en temps. Aussi, oublie ce que je viens de dire. »

Elle rêvait de sa présence oui, au moins jusqu'à avoir trouvé un maître. Pour la deuxième partie de son voyage, même si elle songeait que c’était là une mauvaise idée, que pour leur potentielle sécurité il valait mieux qu’il ne soit au courant de rien et qu’elle n’était pas assurée de pouvoir tout lui cacher s’il se joignait à sa triste et sans héroïsme épopée, le savoir à ses côtés aurait aussi de quoi la rassurer.
Embêtant dilemme que voilà : entre son coeur et sa tête, la jeune femme tergiversait. Sa caboche gagnait pour le moment, mais uniquement parce qu’elle s’empêchait de trop espérer ; son frère adoré était débordé. Enfin. Il savait maintenant tout ce qu’elle accepterait facilement de partager, que cela aille de sa peur, celle qui lui tordait idiotement le ventre quand elle songeait à ce qui pourrait se passer, à la durée et la date de départ grossière de son futur projet.

Pour tenter donc encore de l’inciter à changer de sujet, Kasumi chercha à se saisir à nouveau des doigts du capricieux, les lia s’il la laissa faire aux siens et les tira en une faible tentative visant à le forcer à avancer légèrement plus vite.
Dans tous les cas, elle leva ensuite son minois tout en se forçant à rire, l’abreuvant à nouveau d’interrogations diverses bien moins sérieuses :

« Sommes-nous arrivés ? À quoi ressemble la vue, onii-chan ? Est-ce aussi beau que dans mes souvenirs ? En as-tu déjà vu de telles, ailleurs ? »

Sangaigusa Isao
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Dim 16 Mai - 15:38
  
L’HARMONIE DES BOURGEONS UN MATIN DE PRINTEMPS


N’ajoutant rien, se contentant de porter son regard là où ses pas les dirigeaient, Isao demeura silencieux. Il sourit néanmoins en entendant sa cadette parler, ne cessant de se préoccuper de lui, comme d’habitude. Les iris du Jokai glissèrent sur le côté afin d’admirer le sourire tendre de Kasumi. Et sur ce dernier point cité, il ne put s’empêcher de rétorquer :

« Il paraît qu’il existe toujours mieux que soi ; ceci étant dit, en effet, tu trouveras difficilement plus parfait que notre nom, c'est évident. »

Il était difficile de juger où commençait et où s’arrêtait la facétie. L’Élu garda la suite de ses pensées pour lui. A quoi bon chercher le mari parfait, après tout ? Ce n’était jamais qu’une formalité, un outil pour prospérer leur famille. Un pion. Isao avait abandonné depuis longtemps le rêve d’un mariage d’amour. Il ne souhaitait cependant pas briser cet espoir chez sa sœur, s’il existait encore. Et puis, elle avait raison de vouloir le meilleur à ses côtés : c’était le minimum qu’elle méritait. Le sourire du jeune homme augmenta. À défaut d’être un pion ennuyant, un époux pouvait être un allié, après tout.
Quand bien même le cœur de ses songes était toujours occupé par la même personne, leur direction changea d’embranchement. Il s’était mis à penser à voix haute et son adelphe, elle, le soutint. Nul caprice quant à ses exigences. Lorsqu’elle évoqua la ride qu’il se créait à force de froncer les sourcils, la tête d’Isao eut un mouvement de recul et il écarquilla les yeux. Ensuite, il tourna son visage vers son interlocutrice, souriant à son tour avec douceur.

« En effet. Voilà une petite sœur bien élevée. » ajouta-t-il d’un ton amusé.

Elle n’aurait pas eu le choix, de toute façon. Quand bien même aurait-elle fugué pour échapper à son escorte, la Voix d’Omoikane aurait envoyé quelqu’un à ses trousses pour la surveiller dans l’ombre. Personne n’échappait à sa vue impérieuse ; encore moins sa sœur. Il acquiesça, songeant d’office à un yojimbo de sa connaissance sachant lire et écrire comme l’avait suggéré Kasumi, puis interrompit son train de pensées lorsqu’elle affirma qu’il s’était trompé sur un point. Comme si cela était possible ! Le Capricieux leva un sourcil, intrigué. Il ne la pressa pas, la laissant hésiter avant de parler, attendre, puis poursuivre. Son aîné soupira en posant ses yeux une fois de plus sur l’horizon.

« Ce n’est point l’envie de t’accompagner qui me manque, Imouto-san. Cependant, il me semble qu’il s’agit d’une bonne opportunité de te détacher de moi. » En contradiction avec ses dires, son bras serra un peu plus fort le sien, comme s’il voulait l’empêcher de partir. « Néanmoins, puisqu’il s’agit d’un événement important dans ta prise d’indépendance et je dirais même de ta vie, alors je t’accompagnerai aux portes de la ville pour te souhaiter bon courage. » Il leva le menton avec une moue. « Si je n’étais pas capable d’au moins ça en tant que frère, quel Jokai serais-je pour les miens ? »

Il n’était pas honnête envers ses sentiments fraternels pour Kasumi, quand bien même ils se lisaient clairement sur son visage, comme entre les lignes de ses discours.

« Je ne peux pas te le promettre, mais si nos chemins se croisent de peu au cours de nos voyages respectifs, alors je récompenserai tes efforts de ma présence. »

Puis il sourit avec sorte de fierté mal placée, le torse légèrement bombé de son égo. Sûrement l’aveugle avait-il pu sentir sa cage thoracique lentement se lever.

« Nous y sommes justement. » répondit-il en s’arrêtant. « Veux-tu t’asseoir ? » demanda-t-il ensuite en observant le banc de pierre face au panorama.

Il souleva son regard pour contempler la vue. Des centaines, peut-être des milliers de maisons et temples s’enracinaient dans le granit de la montagne. Les remparts entouraient fièrement l’objet de leur protection et les cerisiers à peine éclos en raison des basses températures ajoutaient un peu de couleur. Du reste, pour peu que la brume n’était pas trop épaisse, on pouvait observer les montagnes s’élever plus haut encore. Sur l’une d’elles, au loin, quelque chose de rouge se démarquait du reste ; un torii.

« Je ne vois pas d’aigle, aujourd’hui. » dit-il en plissant les yeux en raison de l’éblouissement provoqué par le ciel blanc. « Il y a toujours autant de baraquements qu’avant. Leurs couleurs n’ont pas changé. Il y a quelques sakura, aussi, mais la plupart ne se sont pas épanouis. » Il fit une grimace. Il n’était vraiment pas doué pour décrire les choses face à lui. « Il y a, comme toujours, de la neige sur les sommets. »

Enfin, il pivota légèrement pour admirer le visage de son adelphe.

« Est-ce que je me suis amélioré ? » demanda-t-il. Même si c’était une plaisanterie, il ne rit pas ; il n’aimait pas pointer du doigt ses faiblesses. Retenant un soupir entre ses lèvres closes, ces dernières s’ouvrirent une fois de plus pour souffler, alors qu’il regardait les chaînons : « J’ai contemplé bien des panoramas mais rien n’arrive à la cheville de notre merveilleuse cité. »

Il n’était pas très objectif.


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Mar 18 Mai - 22:01
  
Entendre Isao plaisanter encore sur la perfection des membres de leur famille, ou plutôt sur les manques des autres fit rapidement sourire Kasumi davantage. Ils étaient de nouveau d’accord, du moins en partie. Sans doute que s’ils avaient parlé plus longuement d’amour, ils se seraient de même redécouverts au moins un autre point commun.

Un potentiel mariage basé sur ce tendre émoi était en effet tout aussi loin dans les pensées de la cadette que dans celles de son frère chéri, si ce n’était plus encore vu qu’elle n’y songeait pas dès maintenant. L’union, la première, était à ses yeux comme à ceux de beaucoup, grosso modo à ranger dans le domaine des affaires, tandis que l’autre, tous les faits ayant lien avec des paumes moites, ou des souhaits de plaire à un inconnu, était de celui de l’attachement.
Hors, du monde dans leur entourage notamment répétait depuis toujours qu’il valait mieux ne pas tout mélanger, que ces deux aires différentes  n’allaient pas fréquemment ensemble sans problèmes évidents. Soit sans prendre cet exemple en particulier, puisque la plupart des fois ils discutaillaient là de commerçants malchanceux qui avaient trop affectionné leurs producteurs, mais tout de même : cela collait. Et la puînée avait tendance à écouter, de temps en temps, ou quand ça l’arrangeait quitte à la déformer, la sagesse de ses aînés.
La sculptrice si on le lui demandait dirait qu’elle choisissait ainsi ses batailles, afin qu’on la laisse gagner quand elle le souhaitait. Malgré tout, cela ne l’empêchait pas de se chuchoter parfois, qu’un jour, elle se distrairait peut-être en tentant tout de même de se faire aimer par un futur épousé, juste pour que la situation lui semble moins triste et pour s’occuper. Sa propre tendresse, elle, irait à sa descendance si les kamis lui permettaient d’en avoir une,  si elle ne se fichait pas en l’air à cause de sa bénédiction avant qu’un potentiel bon parti lui soit lié.

Le sentiment autre que fraternel, souvent présent dans les contes qu’elle adorait, demeurait donc pour elle plutôt une chose à ressentir, à vivre à l’extérieur des règles d’un mariage. Oh guère question de futur enfant né de tant de volupté ou de tout le froutas allant avec, uniquement de délicieuses sensations à ne pas dévoiler et de délicats souvenirs à conserver.
Si Kasumi devait un jour redonner un bout de son coeur - et seulement cela si le sexe d’en face n’était pas le sien -  à qui que ce soit, elle espérait véritablement que cela serait à quelqu’un d’aussi merveilleux que son adelphe ou que leurs anciens toujours en vie. Était-ce trop demander ? Bien sûr que cela ne fonctionnait pas ainsi, mais quand même. N’avait-elle pas le droit de rêver autant à un mari parfait en terme d’utilité pour ceux qu’elle aimait, qu’à une personne autre assez bonne pour être sagement chérie sans risque de se faire trahir ?

La jeune fille leva gentiment les yeux au ciel lorsque son frère salua son éducation, heureuse de le retrouver si tendre et prêt à s’auto-congratuler. N’était-il pas en partie responsable, - surtout pour les bêtises, mais pas seulement -, de comment elle avait grandi ?
Qu’elle avait peur n’était qu’une des raisons la faisant se plier à son souhait, l’autre étant tout simplement que lui enlever un souci potentiel lui seyait. Au pire, s’il la surprotégeait trop, elle n’hésiterait pas à faire du vide, à écrémer les rangs quand il serait trop tard pour le mettre rapidement au courant. Un futur maître risquait en effet de la refuser si elle se présentait accompagnée par une trop grande armée et, plus encore, cela gênerait certains de ses plans.
Il n’y eut pas qu’Isao qui serra le bras de l’autre durant ses dires suivants. Elle se retint de s’exclamer aussi qu’elle n’avait aucun désir de se séparer de lui et non parce qu’elle ne le pensait pas, bien loin de là. Las, pour une fois, la demoiselle ne trouva pas les mots assez vite.

Comment expliquer clairement à son aîné adoré que, depuis son dernier retour, depuis qu’elle avait retrouvé les bras de ceux de son sang, elle n’avait notamment qu’espéré oublier le dehors et perdre le chemin pour y revenir ?
Malgré tous ses vœux, cela n’avait pas fonctionné. De plus, le temps avait continué lui, monstrueux, à défiler, les gens à évoluer et l’extérieur à se modifier. La montagne à leur porte ne s’était pas arrêtée de s’animer ou les fleuves de couler. Bref, le monde de tourner.
Quitte à se répéter, elle n’avait aucune envie de se détacher à nouveau de ceux qui l’avaient vu grandir, de quitter l’étreinte de ceux qui la voyaient, ne l’ignoraient et au contraire la rassuraient, l’aimaient tendrement. En même temps, elle savait qu’il ne serait bientôt plus l’heure. Son Jokai de frère avait raison, comme trop souvent, même s’il ne songeait sans doute pas à ça.
À force de trop s’attarder, elle risquait d’arriver à effacer complètement de sa mémoire jusqu’à ses buts et ses souhaits, ne se remémorerait jamais plus assez combien l’inutilité qu’était la sienne lui pesait. Utiliser ses amours filiaux telle une trop solide béquille sans fin serait de plus une bien vilaine chose à faire, surtout pour celui devant elle, mais elle ne parvenait pas, égoïstement, à faire totalement passer ce désir réconfortant. Au moins l’accompagnerait-il jusqu’aux portes de la cité. C’était déjà ça.

La proposition, que son adelphe fit trop rapidement derrière, lui arracha un air surpris, puis enchanté. Il en fallait, preuve en était, bien peu pour la rendre heureuse, même de manière très éphémère.

« Tu es merveilleux dans les deux domaines que tu as cité et ce quoi que l’avenir nous réserve. Penses-tu vraiment ce que tu viens de dire ? Je prierai les kamis pour que cela se produise même si tu dis non, tu sais. »
Le droit d’être absent si ses responsabilités le retenaient ailleurs, ainsi que la promesse de cette future prière furent ainsi offerts à la place de la réponse demandée quant au siège n’attendant que leurs fessiers. Qu’il puisse venir la visiter ou se croire un temps soit peu mauvais d’une quelconque manière, s’il ratait son départ, comptaient bien davantage que de reposer des jambes guère fatiguées.

À la description qu’il lui donna du paysage et à sa question ensuite, elle ne put s’empêcher de rire plus franchement que précédemment, se moquant affectueusement.

« Un peu. Ai-je récupéré le droit de légèrement camoufler la vérité pour pouvoir mieux te rassurer  ? »

Peut-être pour ne pas qu’il boude, à moins que ce ne fut que parce qu’elle en avait envie, la plus enfantine des deux essaya de libérer le bras de son frère. Au lieu cependant de s’éloigner, Kasumi fit, s’il la laissa faire, courir ses doigts le long de ses habits, dans son cou. Elle les amena jusque sa joue, chercha à lui faire légèrement tourner la tête, puis les fit se poser sur l’une de ses tempes à lui après un peu de recherche.
Un baiser tout ce qu’il y avait de plus chaste fut déposé avec candeur là où se tenait jusque là sa main, sur son front d’Élu, accompagné par peu de mots prononcés avec tendresse :

« Merci, onii-chan. Pour cela et tout à la fois. »

Fit la puînée, même dans le cas où son aîné empêcha à un moment ou un autre sa paume ou ses lèvres de se poser. Oui, la description donnée n’avait rien eu de majestueux et ne lui avait pas offert de quoi rêver. Ça ne l’avait pas empêchée de l’apprécier, puisque son conteur était qui il était.

« Dois-tu hélas à ton tour et dans les jours prochains nous quitter, Naseishin et nous ? Si tel est le cas, je me tairai, le temps que tu graves encore cette vue dans tes pupilles. »

Demanda-t-elle après une courte et énième hésitation, plus doucement, en faisant retomber dans le vide son poignet,
Les mêmes interrogations qu’habituellement viendraient après, il s’en douterait sûrement, en plus de celles sur son précédent voyage. Où allait-il ? Partait-il longuement ? Promettrait-il de prendre des pauses dans son trop ardu travail ? Tout autant que de veiller sur sa santé ?
Car ce n’était pas parce qu’il était la Voix d’Omoikane que la pluie, la fatigue ou le vent ne pouvaient pas souffler sur lui, ou le rendre malheureusement malade, n’est-ce pas ?

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